Nombreux sont les signes du caractère inachevé du texte et en tout premier lieu, la disposition fragmentée de paragraphes qui ne sont pas tous liés entre eux. La juxtaposition d'exemples disparates et l'abréviation « etc » (l 5) laissent à penser que Pascal voulait en préciser le contenu plus tard. Les formules « programmatiques » (l 4 &12) : « je ne veux pas rapporter » et « le rapporterais » livrent la même impression (...)
[...] Le constat est ici aussi sans appel. L'ampleur de son emprise est accentuée par la gradation ternaire finale la beauté la justice le bonheur 42/43). Le déterminant tout est répété et décliné au féminin et au pluriel 42,43) pour marquer encore un peu plus la force envahissante de l'imagination. Elle est l'ennemie de la raison faible et limitée, elle la gouverne et nous éloigne de la vérité. La première dispose de tout 42) alors que la seconde plaisante 10) est obligée de céder 13). [...]
[...] Comme les Essais (1572) de Montaigne, il a pour but de servir ses contemporains et tout autre lecteur qui suivra. Transition : Cette ébauche d'analyse, même très avancée, reste donc inachevée mais ouverte car elle laisse une large place au débat d'idées. Non seulement elle intègre la pensée d'autrui ici, celle de Montaigne- mais elle noue également un contrat de lecture avec le lecteur. Elle lance encore aujourd'hui des pistes de réflexion sur la puissance de l'imagination et la fragilité de la raison. [...]
[...] Malgré tout, ils s'entourent exagérément pour en faire montre. Le double rythme ternaire gardes hallebardes troupes armées 35) puis les trompettes les tambours et les légions 36) participe encore au portrait d'un roi qui aime proclamer son omnipotence. ses effets et son pouvoir sur la raison : Dès la première phrase, Pascal donne le ton : la conjonction de subordination quoique montre à elle seule qu'il n'ait aucun moyen pour la raison d'échapper à l'imagination. Les nombreuses occurrences du mot imagination 29,42) nous rendent son pouvoir très présent. [...]
[...] Le fragment 82 apparaît bien comme un essai. C'est une tentative qui ne se donne pas pour aboutie, qui revendique un caractère non fini, et qui rend compte de l'état actuel d'une pensée que le lecteur est invité à suivre dans ses méandres. Les Pensées de Pascal sont inachevées car il est décédé avant que son Apologie de la Religion Chrétienne n'ait pu être terminée mais même achevée, le choix de l'essai est celui d'une œuvre qui par essence n'est jamais finie car elle est ouverte à des observations ultérieures. [...]
[...] Conclusion : En adoptant la forme de l'essai donc d'un ouvrage ouvert aux lecteurs et aux développements ultérieurs, Pascal s'interroge en humaniste sur la fragilité de la raison soumise au pouvoir irrésistible de l'imagination. La grandeur de l'homme réside pour lui dans le fait qu'il pense mais comme il le mentionne dans la pensée 347, l'homme est un roseau pensant donc fragile qui doit à ce titre travailler à bien penser pour ne pas céder à une imagination illusionniste. *Figure de style consistant à décrire une scène de manière si frappante, qu'on croit la vivre. [...]
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