Je me présente à vous, aujourd'hui, non pas seulement comme un fervent partisan de l'abolition de la peine de mort mais principalement comme un fervent partisan du progrès. Ma plus forte ambition a été, est et restera à jamais l'avancée. L'avancée de notre société. Si notre société vous convient, si notre justice meurtrière vous convient, bien à vous ! Mais dans le cas contraire, je vous propose une seconde alternative : l'amélioration.
Vous ne cessez de clamer ouvertement votre appartenance à une société entièrement démocratique. Il fut d'ailleurs un temps où j'en étais moi-même persuadé. Et pourtant, j'ai pris conscience du réel état de notre démocratie. Une démocratie fragile. Pour cause ? Le vice (...)
[...] Les juges ne sont pas à la hauteur d'un tel jugement. Un jour, le juré peut être clément pour, finalement, être hostile le lendemain. Le sort d'un condamné ne se joue alors que sur l'humeur du jour. La mort d'un homme ne repose alors que sur le hasard. Trouvez-vous réellement que cela soit juste ? La mort sort de l'humanité, vous en conviendrez. Comment se fait-il alors que des sentiments humains puissent prendre une décision inhumaine ? Il n'y a encore que quelques jours, j'assistai à une exécution, à Saint-Polin. [...]
[...] Votre but est-il finalement de décimer toute parcelle d'humanité au sein de notre société ? Quoi qu'il en soit, ma position est claire, la justice sociale n'a pas l'autorité nécessaire pour décider qui doit vivre ou mourir ! Vous n'êtes pas plus surhumain que moi. La justice n'est pas divine ! La société n'a, par conséquent, pas le droit de s'attribuer un pouvoir que seul Dieu possède. Partisans de la peine de mort, vous dîtes que la société est en droit de se venger d'un individu si ce dernier a porté atteinte à sa sécurité ou lui a fait du mal. [...]
[...] Jamais nous ne le saurons. Cet homme aurait pu être votre frère, votre fils. Cet homme aurait pu être vous. Voilà où se situe l'abomination d'une justice faillible ! Comme Hugo n'a cessé de le clamer, tous les échafauds portent des noms d'innocents et de martyrs. Non, nous ne voulons plus de supplices. Pour nous la guillotine s'appelle Lesurques [ ] Oui, rappelez-vous Joseph Lesurques ! Cet homme, victime d'une justice des plus faillibles. Une justice qui le plaça sur l'échafaud à tort, se fiant à de simples coïncidences. [...]
[...] Vous qui représentez, non pas une patrie mais VOTRE patrie. Cette patrie qui repose tous ses espoirs sur vous. Ne la décevez pas, elle a foi en vous. Aujourd'hui, une opportunité se présente à vous. Saisissez-la ! Prenons un nouveau départ. Effaçons les dernières gouttes de sang qui maculent le drapeau français. Votons l'abolition de la peine de mort ! [...]
[...] Ce contrôle peut décider de la vie ou de la mort d'une personne. Vous comprendrez alors que la condamnation à mort ne constitue rien d'autre qu'un symbole de totalitarisme. Un symbole qui salit notre démocratie. Ce n'est pas un hasard si presque tous les pays qui pratiquent encore la peine de mort demeurent des dictatures A présent, je m'adresse aux partisans de la peine capitale. Je m'adresse à vous en vous posant cette question : où est l'efficacité de l'échafaud ? [...]
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