Le point de départ de la démarche de Furet est cet étonnement que l'auteur éprouve face à la séduction massive qu'a provoquée le communisme sur les intellectuels occidentaux. Quant au livre, il part d'un fait historique précis puis décrit les passions et l'illusion qu'il a suscité à travers l'étude de l'attitude d'intellectuels ou de militants communistes ou « philocommunistes ». Furet met donc l'accent sur la dichotomie qui existe entre la réalité des faits et l'illusion, entre les représentations qu'en font les gens de l'intérieur et ceux de l'extérieur. En effet on peut bien dire qu'il y a deux perceptions du phénomène communiste : l'une vécue par les peuples de l'intérieur du pays et l'autre pensée et imaginée de l'extérieur.
[...] Le marxisme est né de l'opposition au capitalisme. Le fascisme naît en réaction au bolchevisme, exaltant le national face à l'universel, mais rejetant également le bourgeois. Le nazisme réagit en haine du bolchevik et du bourgeois incarné par le juif. Dès lors, on constate dans cette relation manichéenne, une étrange complicité entre les régimes ennemis puisqu'ils ont des adversaires communs, la Démocratie, le bourgeois et puisqu'ils se renforcent mutuellement en se niant, en s'opposant l'un à l'autre : la peur du communisme a alimenté le fascisme et inversement. [...]
[...] L'attitude de Khrouchtchev rompt avec l'entretien de l'illusion, il laisse apercevoir les premières failles. L'idée communiste est à son zénith à Rome ou à Paris au moment où elle tend à n'être plus à Varsovie ou à Budapest que le masque de l'oppression russe L'occident pense que les objectifs du communisme ont été atteints. L'aveuglement des intellectuels de gauche en Occident est alors un témoignage de l'« anesthésie du jugement c'est à dire de la prépondérance du mythe sur la réalité dans le communiste. [...]
[...] Cette époque coïncide avec l'apogée de l'illusion. Tout anticommuniste en vient à être considérer comme fasciste : Qui n'est pas pour Staline est pour Hitler Pourtant à l'intérieur le régime s'enfonce dans la terreur et la répression avec les grands procès et les purges. Mais la lutte antifasciste apporte un voile d'honorabilité démocratique et interdit toute critique à l'encontre du communisme sous peine d'affaiblir le camp tout entier. Il s'agit donc d'une véritable instrumentalisation de la lutte antifasciste par le Komintern pour renforcer le communisme dans les pays européen. [...]
[...] On a pu qualifier leur rapport d'étrange complicité puisqu'ils se nourrissent l'un l'autre comme on l'a vu. Il faut insister ici sur leur relation dans le temps et voir s'il y a une relation de causalité dans leur apparition. Pour Furet, ces deux régimes sont issus de la Première Guerre mondiale même si le communisme s'est établi en premier. L'affirmation selon laquelle le fascisme se définit comme son symétrique et son inverse montre que Furet se rapproche de la thèse historico-génétique avancée par Ernest Nolte. [...]
[...] Le communisme aspire à une réalisation véritable de l'universel prôné par la Révolution française. Le charme universel d'Octobre vient de cette comparaison avec la Révolution française et plus particulièrement avec la période jacobine. Cette assimilation ou confusion avec la Révolution française conduit à lui donner une dimension universelle dont il tire une immense aura. A partir de 1917, la référence à 1789 sert d'absolution générale à l'arbitraire et à la terreur Toutefois il convient de maintenir une distinction entre les deux révolutions. [...]
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