Le poème XX clôt le recueil « Vingt poèmes d'amour », écrit par Pablo Neruda, en 1924, alors qu'il est âgé de vingt ans. Cette oeuvre fait suite à Crépusculaire. « C'est un livre que j'aime car, en dépit de sa mélancolie aiguë, on y trouve la joie de vivre... » [Neruda].
[...] Futur du verbe être, et passé des baisers, comme avant. Notons l'importance des pronoms personnels et possessifs, comme une torture qu'il vaut mieux nommer, pour la regarder en face avec courage. L'élégie la perte Dans ce dernier poème d'amour, douceur et mélancolie tendre ou plaintive ouvrent l'espace du sujet. Dès le début, il s'écrit donc à la première personne, avec l'effusion d'un cœur malheureux d'avoir perdu l'objet aimé : je ne l'ai pas je l'ai perdue. Pas pu la garder. [...]
[...] Neruda retrouve, dans ce poème, un des signes distinctifs du poète à l'âme triste, surtout lorsque l'amour déserte son quotidien. Toutefois, c'est avec son propre style, qu'il va exprimer ce thème rebattu de la souffrance amoureuse et de la fragilité de toute chose. L'amour Je peux écrire les vers les plus tristes cette nuit Ce poème en vers libres débute par un vers isolé des autres, alors que la construction générale du texte est essentiellement composée de distiques, ces couples de vers qui renvoient au couple amoureux et à la solitude, lorsqu'un vers se trouve seul. [...]
[...] L'absence n'est pas seulement constatée, mais ressentie ici et maintenant, et s'impose malgré toutes les formes de dénégation ou de contradictions apparentes. Regret nostalgique ou coupable, par rapport à cette absence définitive, face à laquelle le poète se sent impuissant et voit ses tentatives vouées à l'échec et à l'absolu du manque. Ma voix recherchait le vent pour toucher son oreille. Il faut un médiateur, et le vent pourrait devenir ce messager chargé de porter à la femme aimée la voix du poète. [...]
[...] Précisément, avec de telles images communément reprises dans la littérature, Neruda semble se constituer une famille, d'autres comme lui savent et l'écrivent. La nuit est un symbole si fort, si polysémique, que Neruda l'emploie dix fois, et au vers 25, il ne peut même plus la nommer. La douleur de savoir que la femme aimée sera à un autre. Comme avant mes baisers, ne peut se traduire qu'en confidence muette, lancée à tire d'aile, comme un oiseau aveuglé par la lumière. Se représenter cela, cette nuit d'amour, est déjà bien trop violent pour ne pas avoir à l'écrire. [...]
[...] Le temps cyclique, avec les mouvements des astres et des étoiles, le retour de la rosée du matin et le temps linéaire de la nuit qui fait blanchir les arbres donnent lieu à une superbe oxymore pour évoquer le temps qui passe et la vieillesse. Ils évoquent l'avant et l'après, l'illusion de l'amour-toujours, de l'éternité retrouvée, mais aussi l'effacement des jours, l'instabilité tragique du temps qui emporte et transforme : Vers 20 : La même nuit qui fait blanchir les mêmes arbres. Nous autres, ceux d'alors, déjà ne sommes plus les mêmes. [...]
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