Lorsqu'il publie les Métamorphoses en 04 ap. J.C., Ovide change de registre et passe de l'élégie amoureuse à une tonalité plus grandiose. Ses premières oeuvres (les Amours, les Héroïdes, l'Art d'aimer) l'ont mis à l'écart de cette littérature nationale et engagée représentée par Virgile, Tite Live et Horace, qui exaltent la grandeur de l'empire d'Auguste, restaurateur de la paix et de la prospérité, défenseur des valeurs traditionnelles de la religion et de la famille. Avec les Fastes, commentaire poétique du calendrier rituel de Rome, et les Métamorphoses, récit des transformations des hommes et des bêtes, de l'origine du monde à l'empire d'Auguste, Ovide paraît s'inscrire dans la politique culturelle de l'empereur. Faut-il pour autant considérer les Métamorphoses comme une oeuvre apologétique ? (...)
[...] Nous verrons d'abord les raisons pour lesquelles les M. n'apparaissent pas comme une œuvre subversive, mais au contraire comme une œuvre nationale célébrant le pouvoir d'Auguste. Nous étudierons ensuite comment, au-delà des apparences, cette œuvre se révèle subversive sur les plans littéraire, politique et religieux. L'œuvre d'Ovide n'est pas en apparence une œuvre subversive mais une œuvre apologétique à la gloire d'Auguste et de son régime. Sur le plan littéraire, Ovide renoue d'abord avec la tradition épique grecque et romaine 1. [...]
[...] Le poème nous conduit d'un Jupiter à un autre : au livre I la demeure de Jupiter est nommée le Palatin du ciel tandis qu'au livre XV, le parallèle d'Auguste et de Jupiter est explicitement confirmé : {Jupiter] gouverne les citadelles célestes et les royaumes des trois mondes, mais la terre est au pouvoir d'Auguste, ils sont l'un et l'autre père souverain. Transition : Ovide ne semble donc pas faire exception parmi les auteurs du siècle d'Auguste . Il semble revenu à une littérature plus conforme à l'art et à la littérature officielle. Pourtant la dérision, la parodie et la provocation apparaissent de manière permanente et donnent à l'œuvre une portée subversive. II) Le caractère subversif de l'œuvre Sur le plan littéraire l'épopée est contaminée par d'autres genres mais surtout pervertie par la présence de la parodie. [...]
[...] L'aboutissement de toutes les métamorphoses présentées dans l'œuvre est l'apothéose de César, descendant de Vénus et d'Enée, qui préfigure l'apothéose d'Auguste déjà annoncée au livre XV, le jour où Auguste, ayant quitté le monde qu'il gouverne, montera au ciel L'avènement de l'empire est en quelque sorte l'ultime métamorphose du poème et l'idée d'organiser l'histoire des mythes autour de la métamorphose pouvait justifier la métamorphose politique que représentait, après le régime républicain, le régime impérial. Ovide ne participe-t-il pas d'ailleurs à la propagande de l'empire en célébrant, à la fin du livre XV, l'œuvre d'Auguste prédestiné à gouverner le monde, ainsi que Jupiter le révèle à Vénus : Tout ce que porte la terre d'habitable appartiendra à ce héros, la mer elle-même sera son esclave . Quand il aura donné la paix au monde [ ] il établira des lois pleines de justice dont il sera lui-même l'auteur. [...]
[...] Ovide: Les Métamorphoses Question : Doit-on considérer les Métamorphoses d'Ovide comme une œuvre subversive ? Introduction : Lorsqu'il publie les Métamorphoses en 04 ap. J.C., Ovide change de registre et passe de l'élégie amoureuse à une tonalité plus grandiose. Ses premières œuvres (les Amours, les Héroïdes, l'Art d'aimer) l'ont mis à l'écart de cette littérature nationale et engagée représentée par Virgile, Tite Live et Horace, qui exaltent la grandeur de l'empire d'Auguste, restaurateur de la paix et de la prospérité, défenseur des valeurs traditionnelles de la religion et de la famille. [...]
[...] Sur le plan religieux, les valeurs religieuses et la restauration de l'ordre moral sont subvertis La représentation des Dieux relève de la dérision et de la provocation. Ovide, comme les intellectuels de son époque, n'éprouve aucune ferveur religieuse à l'égard des dieux du panthéon traditionnel. Les Dieux sont, chez Ovide, d'une légèreté et d'une immoralité souvent coupable : Jupiter enlève Ganymède, convoite Thétis qu'il cède finalement à son petit-fils. La pietas est aussi bien mal récompensée : Céyx meurt dans un naufrage alors qu'il part consulter un oracle pour éclaircir la métamorphose et la mort de son frère, tandis que Pélée, coupable du meurtre de son demi-frère, n'est pas sévèrement sanctionné. [...]
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