Après avoir passé en revue quelques « loci » propices à la séduction des belles, Ovide consacre le reste du livre I aux moyens de séduire ces dernières. Rien à voir ici avec l'enlèvement des Sabines, et cette époque où le rapt de force permettait de prendre femme ; au contraire, l' « ars amatoria » va livrer des armes stratégiques rhétoriques, les armes de l'esprit et de l'éloquence. Point de sincérité (« Pollicitis dives quilibet esse potest », v.442), mais des moyens employés à bon escient. Dans les vers 457 à 484, le poète invite la jeunesse de Rome à l'étude du style, notamment. La rhétorique et la dimension didactique de l' « ars » prennent ici tout leur sens.
Les « loci » abordés précédemment annoncent les « loci », lieux communs, de l'éloquence. Ovide, qui se veut « magister », est bien professeur de séduction, mais aussi professeur d'éloquence, voire de grammaire, au sens où l'entendait aussi l'Antiquité. Les recommandations faites par le poète s'accompagnent d'une application directe, d'une pratique à tenir, et finalement naît un double discours qui tend à confondre la tâche du séducteur et celle du poète. Ovide fait entrer dans la science de l'amour les grandes oeuvres de Cicéron relatives à l'éloquence, le Brutus, le De Oratore, ainsi que la Rhétorique à Hérennius, et l'Ars poetica d'Horace (ou Epître à Pison), qu'Ovide portait au pinacle (...)
[...] Séduire, c'est apprendre à maîtriser tout cela, et c'est faire œuvre de patience (les pouvoirs de l'éloquence ne sont pas mis en doute). - Le jeune Romain en chasse a donc bien des points communs avec l'écrivain. Il doit faire ce que le poète est en train de faire : écrire à un destinataire précis dans un but précis, et en tirer les modifications qui s'imposent dans son écriture. C'est toute une stratégie à écrire autant qu'à mettre en œuvre. [...]
[...] Ovide, qui se veut magister est bien professeur de séduction, mais aussi professeur d'éloquence, voire de grammaire, au sens où l'entendait aussi l'Antiquité. Les recommandations faites par le poète s'accompagnent d'une application directe, d'une pratique à tenir, et finalement naît un double discours qui tend à confondre la tâche du séducteur et celle du poète. Ovide fait entrer dans la science de l'amour les grandes œuvres de Cicéron relatives à l'éloquence, le Brutus, le De Oratore, ainsi que la Rhétorique à Hérennius, et l'Ars poetica d'Horace (ou Epître à Pison), qu'Ovide portait au pinacle. [...]
[...] A raison d'une image par vers (à l'exception du distique 17- simple et efficace, l'élève ne peut manquer de comprendre. Le présent employé dans ces vers veniunt consumitur etc.) à valeur générale assure l'autorité des exemples, qui sont par ailleurs tirés de l'expérience de la vie, et du passé mythologique et historique incontestables (l'eau qui creuse la roche par exemple, ou Troie). Le poète semble même accompagner le novice dans chaque cas (avec la répétition de l'adverbe modo v.19 et 22 à proximité d'un impératif), d'où les hypothèses : subordonnée hypothétique Si non accipiet v.11, subjonctif d'hypothèse legerit, et nolit rescribere ? [...]
[...] Il est beaucoup question de lecture et d'écriture : scriptum et deux fois le verbe rescribere ; inlectum, lecturam, legerit, legisse, lectis, legat - L'éloquence n'apparaît pas ici comme la seule maîtrise du savoir écrire, mais comme la maîtrise du dosage, et donc de l'adaptation de la langue à l'objectif poursuivi : séduire. Ne pas vouloir briller lateant vires nec sis in fronte disertus quis declamat et choisir plutôt le naturel credibilis, consuetaque verba, v.9). A la manière prescrite, et à celle à proscrire, Ovide joint la matière du discours : les blanda (verba) du v.10, et les blanditias tuas du v.22. [...]
[...] Le texte prend donc l'allure d'une liste de recommandations, par son aspect très prescriptif, du début à la fin. Ces injonctions sont mises en valeur par les coupes : les trois coupes pour les deux injonctions du v.5 ; spera à la coupe du 3ème pied du pentamètre, v.12. La dimension de l'ars (traité technique et mode d'emploi) prend immédiatement sa place. - Mais cette dimension se trouve renforcée aussi par la volonté de convaincre et d'accompagner le novice, par des exemples et des situations concrètes. [...]
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