Dans cet extrait, Ovide présente le théâtre comme le lieu par excellence (« praecipue ») de la séduction, envisagée comme une chasse (« venare »). L'occasion des jeux (« ludos ») est aussi l'occasion de jouer (« ludere possis »).
Il est dit que les femmes se ruent aux jeux, telles des fourmis en colonne ou des abeilles (« ut formica per agmen, ut apes »). Le distique qui précède immédiatement le passage montre un déplacement du spectacle et des jeux, de la scène aux gradins : la femme est prise à son propre piège, dans un hexamètre cumulant les trois coupes et illustrant le renversement de situation par les mots mêmes (...)
[...] En effet, sur la trentaine de vers encadrés par la référence à Romulus fois 2 vers), au moins cinq sont consacrés au tableau des spectacles primitifs, et pas moins de 8 au thème de la crainte des puellae En fait la moitié du récit consiste en deux thèmes quasi autonomes. Le récit de l'enlèvement n'est pas le but premier du poète. - Ovide choisit le théâtre pour cadre mais ni Tite-Live 13) ni Virgile, (Enéide, VIII, 635-636 : raptas sine more Sabinas / consessu caueae magnis circensibus actis n'y consacrent autant de détails. Tunc et Illic marquent l'éloignement dans le temps et l'espace, en partant du présent ; il n'y a que chez Ovide que l'aspect naturel (importance du végétal) et primitif est ainsi souligné. [...]
[...] - A partir du v.16, où les Romains se jettent sur les jeunes filles, une longue comparaison sur trois vers isole un motif, celui de la crainte. Le verbe timere revient d'ailleurs quatre fois, et il est le dernier mot qui ferme le tableau. Ce motif n'est à ce point développé que chez Ovide, qui en étudie plusieurs aspects, le plus nouveau étant celui des charmes accrus par la peur. L'ambiguïté de la nostalgie et l'ironie - En raison de sa place initiale dans le récit et de son développement, propre à cette version de l'enlèvement, le thème du théâtre primitif acquiert une importance particulière. [...]
[...] nemorosus, um : couvert de forêts, boisé Respiciunt, oculisque notant sibi quisque puellam illic : en cet endroit, là-bas 10 Quam velit, et tacito pectore multa movent. Frons, dis, f : feuillage, feuilles Caespes, itis, m : le gazon Sedeo, es, ere, sedi, sessum : être assis Tego, is, ere, texi, tectum : couvrir, arbiter, protéger Quilibet, quae-, quod- : n'importe lequel, quelconque Coma, ae, f : la chevelure (de l'homme) Respicio, is, ere, spexi, spectum : regarder en arrière, TRADUCTION : TEXTE : VOCABULAIRE : Dumque, rudem praebente modum tibicine Tusco, praebeo, es, ere, bui, bitum : présenter, offrir, fournir Ludius aequatam ter pede pulsat humum, modus, m : mesure (musicale) In medio plausu (plausus tunc arte carebant) tibicen, inis, m : joueur de flûte Rex populo praedae signa petita dedit. [...]
[...] Mais la suite montre qu'il convient à la libération du désir primitif ; c'est le cadre du viol et de la peur. Les éléments du récit : la brutalité virile, l'affolement féminin - Le rudem modum et le battement du ludius préparent l'irruption de la violence : les verbes exiliunt et iniciunt le nom clamore marquent l'explosion du désir contenu praedae signa petita L'agitation est immédiate, celle du mouvement des hommes, soudain protinus et violent sine more ruentes celle de la fuite des femmes, avec la répétition du verbe fugere v La multiplication des verbes et l'éclatement du tableau des vers 22 à 24 montrent la panique des femmes. [...]
[...] C'est la libido et la puissance viriles qui sont aussi célébrées, c'est dans cet épisode commun que les lecteurs doivent se retrouver pour faire d'Ovide le magister qu'il cherche à être (cf. conclusion des livres II et III). L'érotisation de l'Histoire - La libération de la charge érotique de cet épisode est une première littéraire. La cause de l'enlèvement des Sabines est connue : permettre aux Romains de se reproduire, et le quod matri pater est du v.30 le dit clairement. [...]
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