Ovide (Publius Ovidius Naso) naît en 43 à Sulmone, en Italie et meurt en 17, en exil à Tomes (en Roumanie) ; il vécut durant la période qui vit la naissance de l'Empire romain : il naît un an après l'assassinat de Jules César, est adolescent lorsqu'Auguste s'empare du pouvoir pour transformer la République en Empire, et meurt trois ans après ce premier empereur.
Dans l'élégie 8 du livre III des Amours (poème à dater entre 19 et 16), le poète regrette, avec le distique élégiaque, que sa belle soit attirée par les richesses de son amant, un chevalier ; on trouve alors un tableau de l'âge d'or assez différent de ceux de Tibulle, Horace ou Virgile (...)
[...] Le même discours a pu se tenir à propos de la lex Canuleia. Le mythe de l'âge d'or est donc très ambigu : à la fois vénération du passé qui va de pair avec une paralysie du présent et une peur de toute évolution ; à la fois modèle utopique qui fait apparaître les maux profonds de la société, et la nécessité d'un changement. Quand ce mythe est récupéré par les partisans d'une conservation intacte de la société, partisans privilégiés évidemment, il ne faut pas oublier quels intérêts se cachent derrière leur rigidité : perte de l'autorité en ce qui concerne les mariages mixtes, du pouvoir pour l'accession des plébéiens au consulat, de la fortune pour les réformes gracquiennes. [...]
[...] C'est celui qui caractérise le plus son époque, à tel point que c'est la première référence faite au sein du tableau de l'âge d'or : les richesses y étaient cachées dans la terre. Au vers suivant, l'énumération des métaux dit assez leur importance, soutenue par la même attaque sonore initiale : aer-arg-aur-. Le sens de la propriété n'existait pas : signabat nullo limte mensor humus (v.42) ; n'existait pas non plus le goût de la conquête, que résume l'exploration maritime du v.43. [...]
[...] Traduction et commentaire Ovide, Amores, III v à 56 TEXTE : ( ) At cum regna senex caeli Saturnus haberet omne lucrum tenebris alta premebat humus : aeraque et argentum cumque auro pondera ferri manibus admorat, nullaque massa fuit. At meliora dabat, curvo sine vomere fruges pomaque et in quercu mella reperta cava Nec valido quisquam terram scindebat aratro, signabat nullo limite mensor humum. Non freta demisso verrebant eruta remo, ultima mortali tum via litus erat. Contra te sollers, hominum natura, fuisti 45 et nimium damnis ingeniosa tuis. Quo tibi turritis incingere moenibus urbes, quo tibi discordes addere in arma manus? Quid tibi cum pelago ? [...]
[...] Ainsi le poème se présente-t-il comme un miroir, avec son reflet inversé. - Les temps verbaux manifestent aussi l'opposition entre hier At cum deux longues, tum et la situation que connaît le poète. Les temps du passé sont majoritaires au début du poème (imparfaits premebat dabat subjonctif haberet PQP admorat parfait fuit tandis que l'autre partie ramène à ceux du présent : le parfait fuisti présente un résultat actuel, et l'on trouve les infinitifs incingere addere les présents facis Eruimus possidet etc. [...]
[...] - Cette perversion de l'homme, qui va s'amplifiant, commence avec la destruction du naturel. La terre a été tranchée terram scindebat la mer balayée, fourragée freta verrebant eruta dès l'invention de la rame, présentée comme un nouveau soc. La destruction de la nature rappelée au v.53, avec le verbe eruimus au présent et en tête avant la trihémimère (vers qui contient les deux autres coupes aussi) annonce en fait le sanguine du vers suivant, et la notion de riches et de pauvres. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture