Le premier recueil des Fables paraît en 1668. Le bestiaire et l'imaginaire du fabuliste y sont très présents. Ce recours à la métaphore animalière lui permet de dénoncer les vices de son époque, c'est-à-dire sous le règne du monarque absolu Louis XIV. Conforme à cette orientation du recueil, Les oreilles du Lièvre, fable 4 du Livre V, met effectivement en scène plusieurs animaux. La Fontaine s'y est inspiré du texte d'un philologue de la cour du pape Paul IV, Faërne, qui a écrit en 1563 un recueil de fables adaptées en latin.
(...)
- l'alternance entre le récit et le discours direct est essentielle pour donner du rythme à la fable.
-> Le cadre du récit de cette fable est imprécis : le lecteur n'a ni lieu ni date précise (pas d'époque, pas de saison, pas de moment de la journée). Les seules informations concernent le lieu : "son domaine" (vers 4), "de climat changèrent "(vers 7) et "d'ici" (vers 13).
Le temps du récit est le passé simple, utilisé pour les verbes d'action comme "blessa" (vers 1), "craignit" (vers 10), "allât" (vers 11) et "soutînt" (vers 12). Il n'y a pas d'imparfait et donc ni habitude ni description.
-> Le dialogue entre le lièvre et le grillon (vers 13 à 22) est souligné par la ponctuation (guillemets, tirets et points d'interrogation), les verbes introducteurs ("dit-il", vers 13 ; "repartit", vers 16 et "Dit", vers 20) et la vivacité des répliques comme la formule interrogative brève du vers 17 : "Cornes cela ?"
- une versification qui utilise l'alternance afin de donner de la vivacité au récit. On constate ainsi un changement fréquent opéré entre les vers qui sont tantôt constitués d'alexandrins (vers 1, 5, 6 ...) tantôt d'octosyllabes (vers 2, 3, 4 ...), tenant l'attention en éveil. De plus, les rimes sont irrégulières : La Fontaine utilise toutes les rimes à sa disposition dans le désordre (croisées, embrassées, plates). Enfin, les enjambements (...)
[...] De plus, les rimes sont irrégulières : La Fontaine utilise toutes les rimes à sa disposition dans le désordre (croisées, embrassées, plates). Enfin, les enjambements (notamment vers 4-5 et 15-16) participent à cette dynamique. - un bestiaire hétérogène. Dans cette fable, tous les animaux sont concernés : Le Lion (vers Chèvres, béliers, taureaux (vers Daims et cerfs (vers Un Lièvre (vers un grillon (vers 13) et une autruche (vers 15). Cette diversité est renforcée par l'énumération du vers 6 et par l'évocation d'un animal fantastique : licornes (vers contribuant au charme de la fable. [...]
[...] Les oreilles du Lièvre Recueil : parution en 1668. Livre : V. Fable : composée de 22 vers. Un animal cornu blessa de quelques coups Le Lion, qui plein de courroux, Pour ne plus tomber en la peine, Bannit des lieux de son domaine 5 Toute bête portant des cornes à son front. Chèvres, béliers, taureaux aussitôt délogèrent ; Daims et cerfs de climat changèrent : Chacun à s'en aller fut prompt. Un Lièvre, apercevant l'ombre de ses oreilles Craignit que quelque inquisiteur N'allât interpréter à cornes leur longueur, Ne les soutînt en tout à des cornes pareilles Adieu, voisin Grillon, dit-il ; je pars d'ici : Mes oreilles enfin seraient cornes aussi ; 15 Et quand je les aurais plus courtes qu'une autruche, Je craindrais même encor. [...]
[...] L'effet d'attente lié à l'enjambement des vers 3-4 met en avant l'importance de la sentence contre les animaux à cornes par un verbe évocateur : Bannit, soulignant également la puissance du monarque. De plus, le possessif son domaine (vers apprend au lecteur qu'il règne sur ses sujets et que l'endroit où vivent les autres animaux lui appartient. Pour finir, l'énumération du vers 6 (Chèvres, béliers, taureaux) montre bien la diversité des sujets du souverain et implicitement traduit sa puissance puisqu'il les oblige à changer de lieu d'habitation. [...]
[...] En effet, soutenant qu'il n'y a aucune ressemblance entre les oreilles du lièvre et des cornes (Cornes cela ? . Ce sont des oreilles que Dieu fit, vers 17-18), son intervention est pertinente et il a le sens des réalités. Mais l'animal raisonnable est le lièvre. C'est lui qui comprend que la raison est impuissante face à la décision arbitraire du lion. En disant J'aurai beau protester (vers il souligne l'impuissance des sujets face aux décisions royales et l'inutilité des protestations. [...]
[...] Poèmes, récits chargés d'une dimension morale et saynètes tout à la fois, les Fables de La Fontaine n'ont cessé de susciter l'admiration et de servir de modèle depuis plus de trois siècles. Le premier recueil des Fables paraît en 1668. Le bestiaire et l'imaginaire du fabuliste y sont très présents. Ce recours à la métaphore animalière lui permet de dénoncer les vices de son époque, c'est-à-dire sous le règne du monarque absolu Louis XIV. Conforme à cette orientation du recueil, Les oreilles du Lièvre, fable 4 du Livre met effectivement en scène plusieurs animaux. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture