Prendre un livre est un geste naturel que, d'ordinaire, en dehors du contexte scolaire, universitaire ou professionnel, on ne prémédite pas ou qu'on ne fait pas précéder d'une recherche biographique. Lire devrait être un plaisir, non une démarche scientifique rigoureuse, et l'on peut aimer une oeuvre pour elle-même. Ainsi, le critique Émile Faguet conseille : « j'avertis [...] les jeunes gens qu'ils doivent lire les auteurs plutôt que les critiques ». Il aurait aussi bien pu ajouter peut-être : « plutôt que les biographes » (...)
[...] ] Que fait-on de ce qui s'observe immédiatement dans un texte, des sensations qu'il est composé pour produire ? Il sera bien temps de traiter de la vie, des amours et des opinions du poète, de ses amis et ennemis, de sa naissance et de sa mort, quand nous aurons assez avancé dans la connaissance poétique de son poème, c'est-à-dire quand nous nous serons fait l'instrument de la chose écrite, de manière que notre voix, notre intelligence et tous les ressorts de notre sensibilité se soient composés pour donner vie et présence puissante à l'acte de création de l'auteur. [...]
[...] Un roman se lit et captive, sans que l'on ait besoin de connaître la vie de son créateur. Le monde que Balzac crée dans la Comédie humaine a un intérêt intrinsèque : on suit les événements, la trame romanesque, désireux de savoir la suite sensible aux revers de fortune, aux rebondissements. Le lecteur s'attache aux personnages, comme s'ils étaient vraiment vivants, et suit le destin de Rastignac, le jeune ambitieux. Il n'y a pas de réelle difficulté à comprendre il y a même un plaisir à reconnaître les personnages, à observer leur évolution. [...]
[...] mais Sartre trouvait plus commode de se prémunir contre un modèle paternel qui lui aurait fait de l'ombre pour s'affranchir de toute hérédité intellectuelle et, conformément à ses théories existentialistes, renier toute influence extérieure pour n'être aliéné par personne . au risque de s'attirer, si ses mensonges sont découverts, l'antipathie du lecteur ; ce dernier, s'il n'en aime pas plus Sartre, comprendra cependant mieux son œuvre. De manière générale, tout écrivain se compose un peu une sorte de personnage. La biographie rectifie cette image déformée, et souvent incomplète. III) L'utilité d'une biographie d'écrivain pour mieux faire aimer une œuvre Mais la littérature n'est pas seulement à comprendre. [...]
[...] Est-il nécessaire de connaitre la biographie d'un écrivain pour comprendre et aimer son œuvre ? Introduction Dans Épigraphe pour un livre condamné premier poème des Fleurs du mal, Baudelaire écrit : Lecteur, lis-moi pour apprendre à m'aimer ; sinon je te maudis ! Devant cette malédiction, le lecteur doit se demander comment il doit aimer l'auteur : par sa vie ou par son œuvre ? Par sa biographie ou par ses écrits ? Ces constatations posent le problème des rapports entre l'écrivain et sa création, de l'utilité, voire de la nécessité de connaître la biographie d'un auteur pour en comprendre et en aimer l'œuvre. [...]
[...] Elle a aussi vocation à plaire, à être aimée Est-il possible de dissocier le goût pour un écrivain et la compréhension de son œuvre ? Ignoti nulla cupido dit la sentence latine : on ne peut pas aimer ce que l'on ne connaît pas Comme le Renard du Petit Prince, le lecteur appréciera mieux une œuvre s'il l'a apprivoisée s'il l'a creusée ; or, nous l'avons vu, pour comprendre une œuvre, il est souvent utile d'avoir apprivoisé son auteur. Mais, à l'inverse, le lecteur qui apprécie une œuvre ressent le besoin d'entrer en rapport avec son auteur ; au fond, s'il était vivant, il chercherait à lui être présenté . [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture