Au moment où elle écrit son livre, Amélie Nothomb a cessé de travailler dans la compagnie Yumimoto. Cela lui permet donc un certain recul sur ces actions passées et elle est à même de mieux les analyser. Ce qui est fait est fait ; alors pourquoi ne pas raconter son expérience avec humour ? Cela permet, le cas échéant, de moins culpabiliser sur les fautes commises. Son humour et sa dérision lui permettent de minimiser la cruauté de ses supérieurs, de s'en moquer en sachant pertinemment qu'elle ne pourra jamais les mépriser ou se moquer d'eux en public (...)
[...] Si, par malheur, elles aiment quelqu'un c'est qu'elles ont été mal éduquées. Les actions qu'elles entreprennent ne doivent en aucun cas être personnelles. Elles sont soumises à leurs supérieurs et si elles font preuve de déshonneur la seule issue c'est la mort. Son humour est souvent lié aux comparaisons qu'elle fait de ses supérieurs : en parlant de Fubuki elle dit Si Cléopâtre avait eu ce nez, la géographie de la planète en eût pris un sacré coup Elle attribue comme des rôles à la hiérarchie de la société. [...]
[...] Elle fait preuve de dérision dans sa chute sociale. Elle voulait être Dieu, Jésus, se faire martyre, être interprète dans une société japonaise. Elle est devenue comptable puis nettoyeuse de chiottes; L'avantage, quand on récure des cuvettes souillées, c'est que l'on ne doit plus craindre de tomber plus bas Humour et autodérision également où Il n'était plus question de retrouver le cours du mark du 19 mars pour convertir en yens la facture de la chambre d'hôtel [ . Il fallait convertir de la saleté en propreté et de l'absence de papier en présence de papier Elle tourne en dérision la société : J'avais un poste : j'étais avanceuse tourneuse de calendriers Elle est payée à ne rien faire par une multinationale. [...]
[...] On a le sens de l'honneur donc on préfère récurer les toilettes qu'être au chômage. Malgré ces penchants humoristiques et dérisoires, Stupeur et tremblements renferme un véritable réquisitoire contre le système du travail japonais mais aussi contre l'éducation des femmes. En y regardant de plus près on pourra s'apercevoir que ce roman n'est pas seulement la chute sociale d'une occidentale dans une multinationale au pays du soleil levant, mais on peut également le voir comme une peinture du monde social japonais avec ses enjeux et ses traditions. [...]
[...] C'est une collègue et non une simple supérieure. Jusqu'au jour où Fubuki la dénonce. Pour Amélie c'est un véritable coup de massue et leurs rapports vont se dégrader au fil du roman Je hais ma supérieure au point de vouloir la tuer Amélie ne cesse d'admirer Fubuki mais celle-ci ne la considère que comme une rivale qui veut prendre son poste. Le caractère de Fubuki est lié à l'éducation que l'on prodigue aux jeunes femmes au Japon. Dès l'enfance celles-ci doivent se conformer à un ensemble de règles : elles sont soumises aux hommes, doivent être mariées avant l'âge de 25 ans. [...]
[...] Il m'attrapa comme King Kong s'empare de la blondinette et m'entraîna à l'extérieur. J'étais un jouet entre ses bras. Ma peur atteignit son comble quand je vis qu'il m'emportait aux toilettes des messieurs». On peut voir Stupeur et tremblements comme un réquisitoire contre le monde du travail japonais et par conséquent un réquisitoire contre la hiérarchie. On ne peut pas monter dans les échelons, c'est l'humiliation publique. On pratique la déshumanisation de la personne : dès son arrivée on montre au nouvel employé qu'il n'est rien et qu'il doit se soumettre. [...]
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