La norme sans la force - Zaki Laïdi

Résumé du document

Fiche de lecture de l'ouvrage La norme sans la force - L'énigme de la puissance européenne par Zaki Laïdi



Cet essai, court et synthétique, se veut le fruit d'un travail de recherche bibliographique exhaustive, en même temps bien qu'une explication à la portée de tous les lecteurs intéressés. Il a été inspiré par des personnalités comme Renaud Dehousse (directeur du Centre européen de Sciences Po) ou Pascal Lamy, ainsi que des étudiants de l'Ecole doctorale de Sciences Po.

Extraits

[...] Par ces méthodes, elle se légitime aux yeux du monde, tout en se positionnant à l'avant-garde de la valorisation de principes communs, qui en réalité sont les siens. L'objectif pour l'UE est d'encadrer les interactions mondiales par un certain nombre de normes contraignant les Etats, à la fois dans leur comportement international, et à l'intérieur même des territoires qu'ils administrent, afin de faire valoir sa vision de la gouvernance. C'est à la fois par le contenu juridique et politique de ces normes, et par le simple fait d'imposer la normalisation des systèmes de régulation mondiale que l'Union pourra dépasser pleinement les cadres de l'agrégation des intérêts de ses Etats membres, et devenir une entité dotée d'une quelconque puissance au niveau mondial. [...]

[...] Cette tension permanente existe aussi au niveau international dans la mesure où l'encadrement normatif des relations interétatiques ne suffit pas à empêcher une régulation par la force. L'intervention américaine en Irak, la montée en puissance de l'Inde et de la Chine sont des manifestations d'une vision réaliste de la protection des intérêts du peuple que représentent ces Etats. Les échanges mondiaux n'inciteront une gouvernance qui si leur approfondissement et leur régulation provient d'une volonté politique d'accroître les interdépendances entre les pays. [...]

[...] Aujourd'hui, l'adhésion des anciens pays du bloc de l'Est change la donne sécuritaire pour l'Europe. Pour ces nouveaux membres, l'UE est un moyen de retrouver leur souveraineté perdue durant l'ère communiste, et l'OTAN est une garantie de leur sécurité face à la menace permanente de l'ingérence russe dans leurs affaires intérieures. Zaki Laïdi affirme sans l'expliquer, que les tensions entre les différents membres ayant pour cause la diversité des parcours historiques ont vocation à disparaître avec l'harmonisation des modes de vie. [...]

[...] Le troisième chapitre, Des normes, pour quelles préférences ? définit précisément ces intérêts en partant de l'hypothèse que les normes européennes reflètent des préférences collectives : refus de la Realpolitik, croyance en la force socialisatrice du commerce, défense des valeurs non-marchandes, normes environnementales élevées, et multifonctionnalité de l'agriculture. Le quatrième chapitre, Gouvernance européenne et souverainisme américain traite des rapports entre les compétences souveraines des Etats, les relations interétatiques, et la gouvernance. Plus généralement, l'auteur analyse les interdépendances qui peuvent exister entre un système normatif national un système normatif international, en prenant le contre exemple des Etats-Unis par rapport aux pays européens. [...]

[...] Le statocentrisme de la régulation mondiale est-il une évidence ? La norme est ce qui permet à l'Europe de dépasser la souveraineté de ses Etats sans l'abolir (p. 57) La gouvernance mondiale connaît donc un déficit structurel de hiérarchisation des normes (p. 98) Toute la philosophie de la gouvernance par les normes vise à faire en sorte que les acteurs du système international soient encadrés par un maillage normatif à la fois dense et contraignant (p. 72) Trois logiques concurrentes sont à l'œuvre : une logique de compétition classique entre Etats, une logique de coopération compétitive en tant qu'Etats et la Commission européenne dans tous les domaines de compétence partagée, enfin une logique d'affirmation de droits individuels exprimés par des citoyens européens qui s'appuient sur le socle juridique européen pour exercer leurs droits, y compris contre les Etats (p. [...]