Le recueil Les Chimères écrit entre 1841 et 1853 est constitué de 12 poèmes (sonnets). Nerval fait sa première crise en 1841 : "El Desdichado" est le premier poème du recueil dans lequel transparaissent la plainte et la douleur de vivre et dont la tonalité dominante est élégiaque. Le recueil est organisé comme une quête, le "je" étant la marque de l'affirmation, et qui finit en abstraction. Le "je" est assimilé au Christ et vise à l'universalité (...)
[...] L'éclipse est une allusion à la première crise de folie de Nerval en 1834. Dans la seconde strophe, l'atmosphère générale est différente : Nerval nous propose un paysage naturel, méditerranéen, blanc ; les couleurs claires et lumineuses dominent. En effet, lors de son voyage en Italie, Nerval fait une rencontre amoureuse qui lui redonne espoir : Adrienne, une amante qui le console. On notera la redondance nuit du tombeau qui anticipe le vers 12 : on meurt et on renaît plusieurs fois, il s'agit d'une double mort. [...]
[...] Gérard de Nerval Les Chimères El desdichado Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé, Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie : Ma seule Etoile est morte, - et mon luth constellé Porte le Soleil noir de la Mélancolie. Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m'as consolé, Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie, La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé, Et la treille où le Pampre à la Rose s'allie. Suis-je Amour ou Phébus ? [...]
[...] Dans la dernière partie, Nerval pose des questions, il n'est plus à l'état déclaratif négatif. Il envisage à présent d'être, même s'il s'agit d'une identité floue. Amour (Cupidon) et Phoebus (Apollon) sont des symboles divins. C'est l'amour et l'inspiration, cette association perdue, qui font le sens de sa vie. Nerval évoque d'une part le monde latin et d'autre part Lusignan ou Biron des êtres historiques, des rois : la réalité s'oppose à la mythologie, Nerval est en permanence entre deux identités. [...]
[...] Le parcours de la vie de Nerval est associé à un parcours amoureux. Le front renvoie à une forme courtoise, platonique de l'amour ; en revanche le rouge symbolise la passion amoureuse. Avec le terme reine Nerval utilise le champ lexical de la noblesse : jusqu'ici, il s'agissait de l'amour pour une femme réelle, maintenant la femme devient inaccessible. Reine, fée, syrène : le poème se termine en demi-teinte, un doute final semble venir invalider cette certitude. Grotte évoque Ulysse, l'orthographe du mot syrène fait plus grec, on sent un désir d'authenticité. [...]
[...] Le prince est ici dépossédé de son pouvoir, c'est-à-dire de sa femme, il perd de sa noblesse ; le terme renvoie au mythe des origines aristocratiques de la famille nervalienne. Abolie : on abolit toujours quelque chose d'abstrait, il s'agit d'une assimilation oxymorique, la tour ne représente donc pas quelque chose de concret, elle est le symbole de son identité, de son pouvoir de poète, du sens de sa vie. Il ne s'agit pas d'une réelle quête chevaleresque, mais plutôt de la quête d'identité du poète. [...]
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