[...] «Le nègre de Surinam» constitue un tournant dans l'évolution de Candide par le contrepoint avec l'Eldorado; Candide va réellement exprimer une prise de conscience. En effet, Candide et son valet Cacambo viennent de quitter le fabuleux pays d'Eldorado (Chapitres 17 et 18); après avoir perdu presque tous leurs moutons merveilleux, ils parviennent à Surinam et, à cet instant, débute l'épisode du nègre. Cet extrait, nouvelle réfutation de l'optimisme par les faits, montre le choc d'une rencontre avec un rapport physique symbolique : Candide homme libre, debout en mouvement et à l'opposé, le nègre de Surinam immobile «étendu par terre».
Le plan de ce texte révèle une démonstration scientifique et met en application les principes de la méthode expérimentale : on part de l'observation des faits, c'est la rencontre avec le nègre et puis, on analyse les causes immédiates et lointaines et enfin on en déduit deux lois : premièrement, l'esclavage est une abomination et deuxièmement l'optimisme est une imbécillité. L'articulation du raisonnement est soulignée par l'adjectif : «horrible» aux lignes 5 et 21, qui encadre le développement principal. De ce court extrait se dégage une mise en scène du récit avec une certaine théâtralité (première partie), pour mieux faire passer le réquisitoire du nègre contre l'esclavage (deuxième partie) et cerner l'évolution de Candide (troisième partie).
[...] Enfin, la présentation du caractère des personnages contribue au décalage ironique voulu par Voltaire : Candide et le nègre sont deux personnages antithétiques, le premier laisse parler ses sentiments, c'est un personnage subjectif et l'autre, le nègre, laisse parler sa «raison» et c'est un personnage objectif.
Candide, lui, est surpris; c'est lui qui prend le premier la parole avec une interjection très expressive : «Eh! Mon dieu !» ; de plus, il est naïf : il considère le nègre comme son égal; il l'apostrophe : «mon ami» et il faut relever, encore une fois, un chiasme (...)
[...] et la reprise systématique de : . on nous coupe . on nous coupe . Le nègre est lucide : même s'il ne réagit pas, reste résigné, soumis, on s'aperçoit qu'il n'en est pas moins conscient de son état ; il sait qu'il a tout perdu, par sa position d'esclave, toute sa dignité humaine et cette phrase en est témoin : . les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous . Le nègre de Surinam est raisonné, objectif et les connecteurs logiques de ses propos le trahissent : «Cependant lorsque ma mère . [...]
[...] nègre de Surinam» constitue un tournant dans l'évolution de Candide par le contrepoint avec l'Eldorado; Candide va réellement exprimer une prise de conscience. En effet, Candide et son valet Cacambo viennent de quitter le fabuleux pays d'Eldorado (Chapitres 17 et après avoir perdu presque tous leurs moutons merveilleux, ils parviennent à Surinam et, à cet instant, débute l'épisode du nègre. Cet extrait, nouvelle réfutation de l'optimisme par les faits, montre le choc d'une rencontre avec un rapport physique symbolique : Candide homme libre, debout en mouvement et à l'opposé, le nègre de Surinam immobile «étendu par terre». [...]
[...] Le est une double énonciation représentant Candide, Cacambo, tous les occidentaux et le lecteur qui est pris à parti par Voltaire; prix» renvoie à la description précédente sur les mutilations du nègre; cette phrase se veut polémique car elle s'attaque à tous les occidentaux et pas seulement aux maîtres esclavagistes : le nous coupe» précédemment dit par le nègre avec le pronom indéfini dénonce ce collectif. La phrase est une phrase choc, emphatique car elle met en valeur le mot avec le représentatif Le troisième décalage est tiré du rapport cause / conséquence; ce sont les occidentaux qui sont les coupables et pourtant ce sont les esclaves qui souffrent; et cette souffrance, on la ressent dans notre chair avec la description des mutilations du nègre. Il faut relever le parallélisme entre «Quand nous travaillons . [...]
[...] L'interjection suivie de l'interrogation montre que Candide passe de l'étonnement à l'indignation. Candide est bouleversé : la répétition de pleurant», «versait des larmes» en témoigne. Le nègre, lui, est résigné : «J'attends mon maître»; «Oui c'est l'usage» ; . je me suis trouvé dans les deux ce sont, là, des phrases courtes et affirmatives; il y a un parallélisme de construction dans les phrases avec la proposition circonstancielle de temps dans la première proposition de la phrase : «Quand nous travaillons . [...]
[...] PREMIERE PARTIE : LA THEATRALITE DU RECIT Dans ce texte, Voltaire va mettre en place une certaine mise en scène; son récit est structuré. Le début ainsi que la fin de cet épisode peuvent être rapprochés : Voltaire débute le texte par : approchant de la ville» et il termine par entra dans Surinam». Cette structure du texte traduit que le nègre de Surinam est marginalisé et considéré comme secondaire; en effet, l'esclavage est une banalité pour les occidentaux qui restent indifférents; le nègre est exclu. Les deux membres de phrase : approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre . [...]
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