Aux interrogations qui portent sur la conduite de la vie, les systèmes philosophiques ou les croyances proposent des réponses dans lesquelles domine le souci d'atteindre un objectif élevé souvent éloigné de la nature, principe actif en l'homme comme en toutes les espèces. Or, Fénelon, écrivain et moraliste du XVIIème siècle, opère en quelque sorte une réhabilitation de celle-ci en écrivant : "Il faut se contenter de suivre la nature", formule péremptoire qui non seulement présente la nature comme le "guide" qui montre le chemin, mais aussi reproche à l'homme ses excès ou ses tentatives de rechercher d'autres voies. S'en remettre à la nature serait ainsi pour l'homme une attitude nécessaire et suffisante avant de s'engager dans l'action. Mais les injonctions de la nature en l'homme sont-elles toujours recevables ?
Après avoir montré en quoi cette réflexion de Fénelon peut se justifier, il conviendra de réfléchir aux dangers encourus par une soumission à la seule nature, puis de tenter de donner à celle-ci une place qui ne contrevienne pas aux règles élémentaires de la morale ordinaire (...)
[...] Mais l'homme ordinaire doit apprendre à composer avec ces forces instinctives en lui, car si elles lui sont utiles pour vivre, elles peuvent aussi l'entraîner dans des choix destructeurs. La réflexion, la culture, l'observance de règles prescrites par le bon sens, mais aussi par le droit ou les religions sont les moyens élaborés par l'homme lui-même pour se diriger, et il peut toujours les affiner. La nature est un guide, certes, mais il est de la responsabilité de l'homme de faire que ce guide soit honorable. [...]
[...] Il faut se contenter de suivre la nature. FENELON Aux interrogations qui portent sur la conduite de la vie, les systèmes philosophiques ou les croyances proposent des réponses dans lesquelles domine le souci d'atteindre un objectif élevé souvent éloigné de la nature, principe actif en l'homme comme en toutes les espèces. Or, Fénelon, écrivain et moraliste du XVIIème siècle, opère en quelque sorte une réhabilitation de celle-ci en écrivant : Il faut se contenter de suivre la nature formule péremptoire qui non seulement présente la nature comme le guide qui montre le chemin, mais aussi reproche à l'homme ses excès ou ses tentatives de rechercher d'autres voies. [...]
[...] Sa vertu dynamique produit la vie, et l'on peut considérer que se contenter de suivre la nature constitue un principe de simple bon sens pour entretenir en soi cette vie. Nature est un doux guide écrivait déjà Montaigne au XVIème siècle, qui voyait dans les interventions de la nature, qu'il s'agisse du sommeil, de la faim ou de la soif, du plaisir ou de la douleur, par exemple, des incitations pleines de sagesse pour la préservation de la vie. On sait en effet les dégâts que peuvent provoquer sur un organisme les privations, volontaires ou involontaires, des éléments propres à la survie. [...]
[...] L'individu n'est pas pour autant oublié : l'appel de la nature en lui peut être circonscrit, transformé en leçon de mesure, de tempérance propre à lui garantir une vie saine, et le mettre à l'abri des excès. La sagesse que l'on reconnaît aux systèmes philosophiques, les codes de bonne conduite qui accompagnent immanquablement les religions, constituent des sources auxquelles il peut puiser pour donner à la nature en lui une place compatible avec la morale. Cependant, ce qui est accompli au nom d'un Dieu ou d'un idéal philosophique, peut l'être aussi au nom d'une certaine rationalité, voire d'une hygiène de vie, comme le montrent les préoccupations modernes en matière de santé et de bien-vivre. [...]
[...] Se contenter de suivre la nature, c'est faire régner la loi du plus fort. Tel est le modèle de société idéale que nous présente le sophiste Calliclès, dans le Gorgias de Platon ; telle est encore la philosophie défendue par Nietzsche, bien plus tard : la morale y apparaît comme inventée par les plus faibles pour se protéger des forts et la nature comme la référence incontestable en matière de légitimation du pouvoir. Suivre la nature dans ce domaine, c'est, sous prétexte d'imiter un certain ordre, donner raison à la sauvagerie en soi, c'est laisser indompté le besoin de s'affirmer soi-même, fût-ce aux dépens d'autrui, c'est exacerber l'instinct de survie en considérant autrui comme une menace perpétuelle qu'il faut à tout prix anéantir. [...]
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