Le Naturalisme est une école littéraire de la fin du Second Empire née de l'influence des sciences, de la médecine expérimentale et des débuts de la psychiatrie. Nous étudierons dans un premier temps quelles sont les limites du Naturalisme dans sa pratique, puis nous verrons dans une seconde partie dans quelle mesure ces manquements aux principes de ce mouvement ne font que renforcer son intérêt et ce faisant nous redéfinirons le rôle de l'écrivain par rapport à la société et surtout vis à vis de son lecteur
[...] La vérité est donc représentée sous un jour plus expressif. Cependant, si l'on peut parfois reprocher un manque d'objectivité aux romans naturalistes, cette défection ne fait au contraire que relancer l'intérêt de ce mouvement littéraire. En effet, si l'écrivain adopte une démarche démiurgique, c'est pour mieux nous faire découvrir les choses de la vie grâce à des artifices savamment étudiés et dignes d'un illusionniste. Nous reconnaissons ici le rôle des ellipses temporelles, du jeu des focalisations et du déroulement des l'intrigue. [...]
[...] Aussi, Maupassant écrit dans le Roman en parlant de l'auteur : A force d'avoir vu et médité, il regarde l'univers, les choses, les faits et les hommes d'une certaine façon qui lui est propre et qui résulte de l'ensemble de ses observations réfléchies. C'est cette vision personnelle du monde qu'il cherche à nous communiquer en la reproduisant dans un livre. ; et il est par ailleurs complété par Zola qui écrit dans le Roman Expérimental : Au bout, il y a la connaissance de l'homme, la connaissance scientifique, dans son action individuelle et sociale En dégageant les lois qui régissent les individus et les sociétés, le romancier deviendrait un auxiliaire du progrès. [...]
[...] Nous pouvons donc citer Maupassant qui dans Pierre et Jean montre à plusieurs reprises une connaissance approfondie des rues du Havre dans ses descriptions. De même, il est notoire que Zola, avant d'entreprendre l'écriture de chacune des ses œuvres, rassemblait une documentation très impressionnante pour rendre ses ouvrages aussi proches de la réalité que possible. Le Naturaliste emprunte donc à la science essentiellement un esprit et des méthodes. De plus, il convient de faire une certaine nuance entre un objet et sa représentation. [...]
[...] L'auteur Naturaliste est donc selon l'expression de Maupassant un moraliste expérimentateur qui observe la réalité, en fait une analyse puis crée une œuvre à partir de son travail précédent. En somme, le Naturalisme est l'expression d'une vision personnelle de la vie exécutée avec un esprit et des méthodes scientifiques dans le but de faire progresser la société. Toutefois, comme disait avec justesse Maupassant dans la Roman : Ne nous fâchons donc contre aucune théorie, puisque chacune d'elles est l'expression généralisée d'un tempérament qui s'analyse De ce fait, chaque école littéraire possède sa propre raison d'être en dépit de tous les griefs que l'on peut adresser à son encontre. [...]
[...] Nous pouvons donc noter à cet effet qu'après la confession de Mme Roland à Jean, le lecteur découvre ce dernier sous un nouveau jour : il apprend que Jean cache en lui-même un égoïsme et un intérêt insoupçonné pour l'argent : dans son âme où l'égoïsme prenait des masques honnêtes, tous les intérêts déguisés luttaient et se combattaient. Les scrupules cédaient la place aux raisonnements ingénieux, puis reparaissaient, puis s'effaçaient de nouveau. Le discours indirect libre qui nous fait entrer dans la conscience d'un personnage est en fait l'expression d'une forme d'analyse d'un comportement que nous propose l'auteur. En somme, l'auteur possède son originalité d'artiste et sa vision personnelle du monde. Et, s'il se réfère au réel, c'est souvent pour nous faire entrer plus facilement dans son univers intérieur. [...]
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