Étude de la narration rétrospective présente dans Le Paysan parvenu de Marivaux. Le Paysan parvenu est une autobiographie fictive, genre à la mode au temps de Marivaux. Ce n'est pas un témoignage de l'histoire mais un témoignage de la société. La narration de cette autobiographie fictive procède de choix narratologiques complexes, où l'entrelacs des "je" et la fonction de régisseur du narrateur parviennent à tromper le lecteur et à feindre une réelle autobiographie.
[...] Conclusion La narration de cette autobiographie fictive procède de choix narratologiques complexes, où l'entrelacs des je et la fonction de régisseur du narrateur parviennent à tromper le lecteur et à feindre une réelle autobiographie. Même si on s'étonne de la mémoire sans faille du narrateur, on ne peut qu'être séduit par le personnage de Jacob, le jeune autant que le vieux. Ce roman atteint son but : même s'il n'est pas achevé, il se révèle être un roman d'analyse des sentiments, une réflexion sur la société mondaine et un roman de formation. [...]
[...] Le narrateur emploie toujours le même schéma pour construire son récit, il apparaît ici encore comme un narrateur extrêmement méthodique. Le narrateur encadre les scènes de passages réflexifs, à la fois les réflexions de Jacob et celles du narrateur. b. Faire vivre et revivre Cette structure semblable à celle d'une scène de théâtre participe de la vitalité du récit. En effet, les épisodes sont des scènes qui ont une importance dans la dynamique du roman : elles visent toujours à mettre en relief le personnage de Jacob, à montrer son caractère puis sa réussite. [...]
[...] une narration de proximité a. le temps n'est pas un rempart Le temps n'éloigne pas le narrateur de ce qu'il raconte. Son acte de rétrospection lui permet de réduire la distance que le temps a crée entre lui et lui quand il était jeune. Le récit que fait le narrateur de ces quelques jours durant lesquels il va s'élever socialement très rapidement est un récit vif, rapide, et un récit de proximité. C'est tout d'abord une proximité entre le narrateur et la scène qu'il décrit : il revit chaque épisode. [...]
[...] Comme un père regarde son fils Le narrateur entretient avec le lecteur une relation de séduction qui lui permet d'éviter les jugements trop sévères. Il procède de deux manières : en s'adressant directement au lecteur, en l'impliquant, mais aussi en rendant ce personnage le plus attendrissant possible. Le narrateur pose sur Jacob jeune le regard d'un père, empreint d'indulgence, lui passant les erreurs que commettent tous les jeunes premiers. Jacob est vite pardonné, grâce à la dérision avec laquelle le narrateur raconte ces passages autant que par l'affection qu'il lui porte. Le narrateur ose dire qu'en arrivant à Paris, Jacob ne connaissait rien. [...]
[...] Mais cela n'est pas une critique. Le narrateur est franc et honnête ( en tous cas le paraît), il donne à Jacob un air d'innocence enfantine qui le rend encore plus sympathique. Il porte sur lui-même un jugement empreint de douce ironie : je me couchai fort content de ma dévotion, qui était très méritoire Il fait souvent des pauses narratives pendant lesquelles il réfléchit et analyse les comportements de Jacob. b. Le triple-je Dans ces moments d'analyse et de réflexion, la narration est conduite par un triple je Prenons un exemple : mais avant de me mettre en chemin pour retourner chez ma future, j'aurais dû faire le portrait de cette déesse que je venais de quitter Le premier je est celui du narrateur régisseur, qui décide de faire une pause narrative pour brosser un portrait. [...]
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