Les mythes intéressent aujourd'hui encore les auteurs et lecteurs parce qu'ils redécouvrent toujours une nouvelle facette du héros, une nouvelle explication qu'ils n'avaient pas soupçonnée. Le héros de la mythologie est toujours doué de pouvoirs surnaturels qui lui permettent de vivre des aventures extraordinaires ou bien d'affronter les dieux, orgueil suprême qui leur vaut souvent un châtiment éternel (...)
[...] C'est pour cela que le mythe se prête aussi bien à de multiples interprétations. Sans cesse réinterprété, il peut toujours être redécouvert sous de nouveaux angles de lecture. * * * Comme nous avons pu le voir, il est difficile de donner un statut précis au mythe. Il est partagé à la fois entre la source d'inspiration, ce à quoi il échappe une fois qu'il a été interprété par le lecteur/spectateur, le prétexte didactique et le dépassement par le travail d'écriture. [...]
[...] Les mythes ont souvent des mises en scène peu banales qui accentuent encore l'impression de surnaturel. Ainsi, des personnages fantastiques comme le spectre ou la statue du commandeur dans Dom Juan semblent surgir de l'au-delà, tel un deux ex machina. De plus, le choix de mise en scène est rarement celui du décor de la vie quotidienne, ce qui donne l'impression au spectateur d'être transporté dans un autre monde. L'intrigue étant jouée par un personnage héroïque, qui possède même parfois des pouvoirs et dont le courage ne faillit pas, le lecteur/spectateur porte un autre regard sur la pièce et est plus fasciné encore par ce personnage hors du commun. [...]
[...] L'attrait du lecteur pour les mythes vient également du fait que le mythe n'est pas figé, qu'il est sans cesse redécouvert. Certaines pièces de l'Antiquité sont reprises plusieurs siècles après. On peut prendre l'exemple de Antigone d'Anouilh, réécriture d'Antigone de Sophocle, ou bien La machine infernale de Cocteau, pièce reprise d'OEdipe Roi de Sophocle. A chaque fois qu'il est repris, le mythe est interprété différemment ; il peut s'adapter aux mœurs de l'époque, aux coutumes changeantes Il a une valeur qui dépasse son berceau temporel. [...]
[...] Ainsi, Gide présente un Thésée individualiste, voire égoïste. L'intérêt supplémentaire que peut apporter les œuvres de ce type est dans la manière dont l'auteur va se servir du mythe. Il n'écrit pas le mythe puisque les auteurs antiques s'en sont chargés, mais il écrit à travers lui en lui donnant une nouvelle signification. C'est pour cela que l'écriture d'un mythe varie en fonction des époques : l'auteur peut y couler sa propre vision du monde. Ainsi, un même mythe peut avoir des sens très différents. [...]
[...] C'est en cela qu'il fascine à la fois auteur, parce qu'il lui permet de faire catharsis et de coucher sur le papier des idées quasiment de l'ordre psychologique, et lecteur, puisque le mythe peut expliquer concrètement ce que les hommes ressentent mais ne peuvent exprimer. [...]
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