Traditionnellement, du moins avant la révolution freudienne, le regard de l'enfance est, pour un observateur adulte, plein d'une candeur factice attendrissante, notamment dans le domaine de la sexualité qui est, pour l'enfant, puis pour l'adolescent ensuite, mais dans des perspectives différentes puisque ces derniers cherchent l'initiation, un des apanages du monde des adultes. Or, ce regard de l'enfance est plus impitoyable qu'innocent. Dans son ouvrage, Le Mythe de l'enfance dans le roman italien contemporain, Gilbert Bosetti se demande si Sigmund Freud a contribué à abolir le mythe de l'innocence enfantine, héritage du romantisme rousseauiste. En effet, les théories freudiennes, en particulier celle de la révélation d'une sexualité infantile, ont bouleversé l'image classique de l'enfant innocent et serein, détruit le mythe romantique et choqué les « consciences morales idéalistes, catholiques et rationalistes »1. Car ce culte de l'enfance permettait à toute une société de se soulager du sentiment de culpabilité entretenu par une morale répressive et le refoulement produit par l'instruction religieuse qui chargeait de mal la sexualité...
[...] Il épie sa sœur et ses clients, ou Giglia et le Marle : Même en ce qui concerne la vie sexuelle, quand Pin aperçoit un corps, puis deux, à en juger par les pieds, qui s'agitent sous une couverture, il ne s'agit pas d'observation non prévenue, encore moins ingénue : il savait bien que Le Marle s'apprêtait à faire l'amour, il l'épiait et, en ce qui concerne les accouplements en tout genre qu'il a reluqués chez sa putain de sœur, il n'a plus rien à apprendre3. Pour Gilbert Bosetti, la sexophobie de l'enfant aboutit, chez de nombreux écrivains italiens autres qu'Italo Calvino, comme Cesare Pavese, à une pédophilie misogyne. [...]
[...] Ainsi, chez Italo Calvino, Pin entre dans la catégorie de ce que Gilbert Bosetti nomme les cœurs purs Effectivement, sa quête du grand Ami fait de lui un être d'une grande pureté, que symbolise sa voix et qu'accentue sa solitude. Une définition paradoxale, bien sûr, puisque Pin est un enfant du carrugio avec tout ce que cette dénomination comporte de péjoratif, notamment qu'il a l'air tellement hypocrite qu'on le croirait élevé par les prêtres Dès qu'il apparaît, les mères rappellent leurs enfants à l'ordre : Costanzo ! [...]
[...] Dans son ouvrage, Le Mythe de l'enfance dans le roman italien contemporain, Gilbert Bosetti se demande si Sigmund Freud a contribué à abolir le mythe de l'innocence enfantine, héritage du romantisme rousseauiste. En effet, les théories freudiennes, en particulier celle de la révélation d'une sexualité infantile, ont bouleversé l'image classique de l'enfant innocent et serein, détruit le mythe romantique et choqué les consciences morales idéalistes, catholiques et rationalistes Car ce culte de l'enfance permettait à toute une société de se soulager du sentiment de culpabilité entretenu par une morale répressive et le refoulement produit par l'instruction religieuse qui chargeait de mal la sexualité. [...]
[...] La sexophobie de Pin est motivée par une répulsion pour le sexe féminin. Pour lui, sa sœur est une grenouille poilue qui a des dents de cheval et des poils sous les bras : il se demande bien quel genre de plaisir les hommes peuvent éprouver en sa compagnie. L'accouplement devient un crime monstrueux et Pin porte son agressivité contre les couples, notamment celui formé par Giglia et le Marle. Il existe un lien symbolique d'ordre sexuel entre la figure de la sœur surnommée la Noire et le refuge secret de Pin : La noirceur, l'aspect répugnant de l'araignée font un instant se superposer les images en un symbole négatif, générateur de dégoût et d'angoisse, de la sexualité Mais, à la différence des femmes, les araignées sont à la merci de Pin, qui n'hésite pas à profiter de son avantage pour les détruire parce qu'à ce moment même : les araignées souterraines rongent des vers ou s'accouplent, mâles et femelles, en émettant des filets de bave : elles sont aussi dégoûtantes que les hommes. [...]
[...] ; sage décision que le narrateur justifie : Les mères ont raison : Pin ne sait que raconter des histoires d'hommes et de femmes dans des lits et d'hommes assassinés ou mis en prison Alors l'enfant n'est plus un ange. Il connaît dès son plus jeune âge des pulsions comme n'importe quel adulte mais contrairement à ce dernier, on ne peut dire s'il est mauvais ou bon puisqu'il est encore dépourvu de sens moral et qu'il ignore tout sentiment de culpabilité. Sur cette liberté de l'enfance, la morale sociale ne pèse pas encore. [...]
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