Le théâtre n'est pas seulement un texte écrit, c'est un texte qui est censé être représenté sur scène. C'est un spectacle, l'étymologie grecque "théaô" signifie "je regarde". La contrainte de la représentation qui guide l'écriture du texte théâtral en suggère un mode de lecture particulier. Ainsi le lecteur est amené à s'imaginer spectateur pour percevoir le texte dans toute sa richesse (...)
[...] Mais le temps de Musset n'a pas besoin de plus de réalité dans un sens que le temps racinien dans l'autre. C'est un temps psychologique, souple, avec ses battements mécaniques parfois mais aussi ses alanguissements ses rêves suspendus (III, ses accélérations brutales (III, au rythme des pulsions passionnelles des protagonistes. Seul le baron marche avec une montre intérieure qui lui donne le temps écoulé (et les deniers dépensés) depuis la naissance de son fils et de sa nièce ; mais l'on sait que cette belle machine déraille par ailleurs complètement et ne bat plus qu'au rythme détraqué de sa propre vacuité. [...]
[...] L'action On ne badine pas avec l'amour n'est pas rectiligne et univoque. Elle est pleine, au contraire, d'équivoques et de retours en arrière, avec des reprises en sous-main, des cheminements parallèles et des courts-circuits, au gré des mouvements intérieurs, des intrigues croisées, des lettres interceptées, des véritables secrets et des faux-semblants. Peut-être y voit-on passer le souvenir troublé des drames personnels vécus par l'auteur. Drame romantique ou proverbe ? On s'aperçoit ainsi que la mise en scène réelle est presque impossible selon les critères du théâtre classique, puisque les trois unités ne sont absolument pas respectées. [...]
[...] Camille et Perdican se remettront- ils un jour du sentiment de culpabilité et de gâchis qui doit les ronger? Quant à Rosette, son destin est à proprement parler tragique puisqu'elle meurt d'avoir été bafouée et trahie par un Perdican désireux de venger son orgueil. [...]
[...] Le système de la livraison périodique du Spectacle dans un fauteuil lui permettait de continuer sa production dans ce domaine, sans avoir à courir le risque d'une nouvelle humiliation. N'oublions pas qu'il était en quelque sorte astreint, pour des raisons financières, à produire un travail littéraire régulier depuis la mort de son père. On ne badine pas avec l'amour est donc avant tout, semble- t-il, une pièce pour la lecture, au détriment de toute idée de mise en scène. L'époque et le temps Ni l'un ni l'autre ne sont précisés par l'auteur. [...]
[...] Il faut opposer à ce premier groupe comique le groupe tragique. Il s'agit du triangle Perdican-Camille-Rosette. Il est à noter que ces deux séries de personnages se rencontrent très peu sur scène, ce qui est signifie bien qu'ils appartiennent à deux mondes bien distincts. Ces personnages ne prêtent pas à rire et sont pourvus d'une véritable personnalité (dans une moindre mesure cependant pour Rosette) Ils s'opposent aussi aux personnages grotesques du fait de leur jeune âge. Ils vont vivre une expérience initiatique qui les marquera à jamais. [...]
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