La tirade offre à Lorenzo le moyen d'effectuer la transformation progressive de son être : de héros romantique désespéré, il devient un vengeur surpuissant.
Cette tirade constitue donc un élément indispensable à la préparation psychologique de Lorenzo, à la veille du crime. Nous montrerons aussi le naturel de cette tirade où le problème de la dramaturgie s'oppose aux règles classiques (...)
[...] Le meurtre est cependant modalisé par l'adverbe peut- être (l.27). Cette contradiction illustre à quel point la tirade est décisive dans la préparation psychologique de Lorenzo Le dernier élément expliquant la rage du héros est son impossibilité d'agir pour le moment : il doit rester passif dans le rôle du bouffon tour passif me voir conspué (l.23) = témoin impuissant et consentant de sa dégradation il se bat pour le peuple de Florence et pour les républicains qu'il méprise : ces gens parlent mais ils sont pourtant faibles (hyperboles, violence des attaques, inaction aggravée par le projet de remplacer l'action par le discours) + ils ont une responsabilité face à un impératif moral ( Lorenzo règle ses comptes avec tous ceux qui le détestent sur le mode de l'invective et du mépris. [...]
[...] L'exaltation du héros romantique qui se hisse à la hauteur de son acte Le héros affirme son indépendance : son acte est déterminé par sa seule volonté, il n'obéit pas à un désir de légitimité. Lorenzo accepte pleinement son statut de héros romantique : il est seul et incompris, il n'est pas dans la confidence et Philippe est alors complètement effacé de la tirade Lorenzo affirme toute sa puissance : écart entre le statut de victime outragée et de justicier. [...]
[...] + son dernier mot est ma volonté (l.42) Conclusion Cette tirade accompli très clairement une double fonction dans la tradition du monologue ou de la tirade romantique : elle permet au spectateur de savoir ce qui se joue dans le cœur de Lorenzo en répondant à la question de Philippe (fonction expressive du monologue lyrique : elle joue un rôle essentiel pour Lorenzo lui-même puisqu'elle le galvanise, lui donne la force d'accomplir son projet). C'est dont un élément déterminant dans les préparatifs de son acte, au même titre que les préparatifs les plus techniques (comme par exemple faire disparaître la côte de mailles) ou politiques (prévenir les républicains). Le délire qui s'empare de Lorenzo dans les dernières phrases annonce aussi les différents monologues du IVème acte. Ce passage très rhétorique commence à le placer dans un état de transe qui va effrayer l'entourage d'Alexandre le lendemain lors de l'assassinat. [...]
[...] Musset reprend le projet abandonné et le mène à bout. Dans la pièce, il y a une réflexion de Musset sur les républicains français des années 1830. Les évènements se sont précipités : après avoir blessé Salviati, Pierre et Thomas Strozzi viennent de se faire arrêter sur la place publique ; Philippe Strozzi est prêt à agir, il a toujours soutenu Lorenzo mais il ne le comprend plus : Lorenzo lui avoue qu'il est totalement désabusé sur Florence, et qu'il n'attendait pas de son acte une quelconque transformation politique. [...]
[...] Un héros désespéré à la recherche de lui-même situation propice à la confidence : extrême proximité entre Philippe et Lorenzo ; Philippe est comme le père spirituel de Lorenzo. jeu des pronoms qui favorise la confidence tu me demandes pourquoi je tue Alexandre (l.1) n'est pas une simple question oratoire, Lorenzo se justifie veux-tu donc (l.5) = réponse violente renforcée par donc Lorenzo semble agacé de ce qui est une évidence pour lui mais qui n'en est pas une pour Philippe L'acte de Lorenzo est mis en parallèle à celui du suicide, qui est un enjeu vital. [...]
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