Alfred de Musset (1810-1857) est un poète et un dramaturge de la génération romantique. Lorenzaccio est son drame le plus connu, et sans doute le drame romantique français le plus abouti.
Il fut écrit en 1834 mais ne fut joué pour la première fois qu'en 1896; bien après la mort de son auteur. Depuis l'échec de La nuit vénitienne, en 1830, Musset avait renoncé à faire jouer ses pièces.
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1) La nostalgie : Lorenzo évoque sa jeunesse, alors qu'il est encore jeune, puisqu'il n'a que vingt ans. La jeunesse est associée à la "vertu". Un lexique mélioratif le prouve, "honnête", "vertu", "pure", "bon", "paisible", renforcé par des comparaisons, "pure comme l'or", "comme un martyr croit à son Dieu". Il était donc destiné à être un prince "éclairé", amoureux des arts et raffiné : "je ne m'occupais que des arts et des sciences". Mais tout ce récit est au passé et traduit sa nostalgie. Le passé composé marque l'antériorité. On sent qu'il regrette cette enfance, qu'il associe au bonheur, "j'étais heureux alors", et à la sérénité, "j'étais un étudiant paisible", "j'avais le coeur et les mains tranquilles". Cela implique qu'au moment où il s'exprime, il souffre, sa situation a changé : "J'ai versé plus de larmes sur la pauvre Italie" ; la métaphore et la personnification renforcent le caractère pathétique : on a l'impression qu'il pleure un être cher, une morte.
La désillusion et l'insatisfaction : cette opposition très marquée entre sa situation présente et sa jeunesse traduit son insatisfaction et sa désillusion. Il aurait dû être au pouvoir "mon nom m'appelait au trône". La métaphore renvoyant encore une fois à son passé, "fleurir toutes les espérances humaines" (...)
[...] Depuis l'échec de La nuit vénitienne, en 1830, Musset avait renoncé à faire jouer ses pièces. Lorenzaccio est un drame pessimiste qui évoque la personnalité de Lorenzo de Médicis, qui a décidé d'assassiner le tyran Alexandre, dans la Florence du XVIe, une ville où règne la débauche. Dans cet extrait, il révèle à son ami Philippe, un républicain, pourquoi il a décidé de tuer le duc. Cette scène centrale permet ainsi de découvrir un héros complexe et romantique, mais elle permet aussi de comprendre que son projet est nihiliste et absurde. [...]
[...] Conclusion : Ce passage important de la révélation souligne la détermination du héros, mais aussi l'étrangeté de ses motivations, bien peu politiques. On comprend que de cette façon, l'acte est avant tout individuel et absurde. Il s'agit donc pour l'auteur de peindre un héros romantique et déchiré, pathétique, dont les traits empruntent finalement beaucoup à l'auteur : mélancolie, pessimisme, insatisfaction caractéristiques de cet enfant du siècle Ainsi cet acte apparaît-il comme la manifestation d'une révolte intérieure. C'est aussi celle de la petite Antigone de Jean Anouilh. [...]
[...] Une statue qui descendrait de son piédestal pour marcher parmi les hommes sur la place publique, serait peut- être semblable à ce que j'ai été, le jour où j'ai commencé à vivre avec cette idée : il faut que je sois un Brutus. PHILIPPE. - Tu m'étonnes de plus en plus. Apollon et Diane tuèrent les sept fils et les sept filles de Niobé qui avait raillé leur mère, Latone, pour n'avoir eu que deux enfants. Chateaubriand avait médité en ce lieu. Il s'agit du Brutus qui assassina Tarquin. Introduction : Alfred de Musset (1810-1857) est un poète et un dramaturge de la génération romantique. Lorenzaccio est son drame le plus connu, et sans doute le drame romantique français le plus abouti. [...]
[...] Mais à aucun moment il n'évoque une quelconque utilité de son acte, une quelconque dimension politique ou philanthropique. C'est un acte pour lui seulement. La confession lucide : Lorenzo laisse peu de place à son interlocuteur dans ce dialogue, et s'il avoue enfin à son ami sa profonde détermination à tuer le duc, il s'agit presque néanmoins d'un monologue intérieur. Obsédé par cette résolution qui lui colle à la peau, vivre avec cette idée il ne peut que s'en délivrer. [...]
[...] Alfred de Musset (1810-1857), Lorenzaccio,1834. Commentaire d'un extrait de la scène 3 de l'acte III. Texte : LORENZO. - Tel que tu me vois, Philippe, j'ai été honnête. J'ai cru à la vertu, à la grandeur humaine, comme un martyr croit à son Dieu. J'ai versé plus de larmes sur la pauvre Italie, que Niobé(1) sur ses filles. PHILIPPE. - Eh bien, Lorenzo? LORENZO. [...]
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