Le sujet du drame romantique Lorenzaccio (1834) est l'accomplissement du projet du héros éponyme : le meurtre de son cousin Alexandre de Médicis. Toute la pièce, inspirée d'un fait réel des Chroniques florentines de Varchi et d'une scène de George Sand, vient donc converger vers ce moment d'accomplissement du héros : le crime qui va avoir lieu à la dernière scène de l'acte IV représente l'aboutissement de son projet, la réalisation du tyrannicide dont il espère que Florence sortira purifiée (...)
[...] la réunion avec soi-même et la chute des masques : soulagé du fardeau du crime, et donc de son masque le héros est libéré et de nouveau en accord avec le monde et lui-même. C'est l'aboutissement d'un itinéraire existentiel, le meurtre donne au moi sa vraie consistance. La beauté du monde viendrait-elle de la mort du débauché, de la plaie sanglante qui envenimait le corps de la pure Florence ? Et le monde peut-il donc reprendre sa beauté initiale ? [...]
[...] Ces morts à la légère sont- elles l'indication que les personnages eux-mêmes sont de peu de profondeurs, masque superficiel, leur mort est celle d'une marionnette qui perd soudain ses fils, simple marionnette dont l'auteur se débarrasse et qui ne sera pleurée par personne ? Cette scène qui pourrait être la scène finale - et d'ailleurs longtemps on joua le drame sans l'acte ne l'est pas. Il y a de la part de Musset, une volonté de décentrer le meurtre en n'en faisant pas l'aboutissement de la pièce. Ephémère moment de réalisation de soi. Tout l'acte V servira à montrer que le meurtre n'aura servi à rien politiquement, à part ce moment d'extase si vite passé. [...]
[...] Je garderai jusqu'à la mort cette bague sanglante, inestimable diamant Ainsi nulle effusion de sang chez le duc, même pas un cri, une plainte, pas même un soupir. Musset déjoue ici les attentes du spectateur. Cette déception possible porte en germes les futures déceptions à venir : cette mort tant annoncée est donc un non événement, qui entraînera une non révolution. Rien n'a eu lieu. Et la mort du tyran n'est déjà rien qu'un bijou au doigt d'un tyrannicide. Un pur accessoire de sa gloire. [...]
[...] Il y a une volonté de Musset de casser tout effet ou toute tentative de sublime. Du coup le spectateur est obligé de garder ses distances. Cet effet de distanciation se poursuivra dans la deuxième partie de la scène, après le meurtre, grâce à S. Celui-ci garde le sens du réel et forme avec Lorenzo une sorte de couple complémentaire maître/valet, avec les décalages caractéristiques de la comédie : le valet n'a qu'une seule idée, fuir la scène du meurtre il veut sortir Une mort exposée mais escamotée : le meurtre en lui-même dure quelques secondes, le spectateur ne voit rien. [...]
[...] demande S. la mort n'est guère bavarde, elle est surtout femme d'action. Par la brièveté de l'acte meurtrier et celle des répliques, Musset souligne ainsi l'intensité dramatique et la fulgurance de la mort. Il ne s'agit ni d'un duel, ni d'une longue agonie : le duc est couché dans le lit de Lorenzo. II) La représentation de la mort sur scène Intro partielle : dans le drame, contrairement à la tragédie classique, le dramaturge romantique n'hésite pas à montrer la mort. [...]
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