Commentaire composé de l'acte I scène 1 (exposition) de la pièce de théâtre d'Alfred de Musset "Lorenzaccio". Cette célèbre pièce de théâtre a été écrite par Alfred de Musset en 1834, sur une idée de George Sand. Il y décrit un héros tragique et romantique, Lorenzo, affrontant la fatalité du destin. Incarnant toute la débauche de Florence, Lorenzo jouera un double jeu pendant toute la pièce, celui de "Lorenzino", héros romantique par excellence, empli d'idéaux, et inspiré par les deux Brutus et celui de "Lorenzaccio", personnage corrompu et pervers, qui lui collera bientôt à la peau.
[...] Il fait un froid de tous les diables. Lorenzo : Patience, altesse, patience. Le duc : Elle devait sortir de chez sa mère à minuit ; il est minuit, et elle ne vient pourtant pas. Lorenzo : Si elle ne vient pas, dites que je suis un sot, et que la vieille mère est une honnête femme. Le duc : Entrailles du pape ! avec tout cela je suis volé d'un millier de ducats ! Lorenzo : Nous n'avons avancé que moitié. Je réponds de la petite. [...]
[...] Le cynisme de Lorenzo éclate dans cette leçon de corruption qui nous rappelle le libertinage cruel de Valmont, héros des Liaisons Dangereuses (roman épistolaire de Choderlos de Laclos paru en 1782). Ici, Musset nous propose donc des personnages en pleine action dès le lever du rideau. L'atmosphère corrompue de Florence est condensée dans cet enlèvement organisé par un courtisan cynique qui flatte les plus bas désirs de son maître. Cependant, le spectateur est intrigué par le personnage de Lorenzo dont il pressent déjà, grâce à l'art de l'auteur, toute l'ambiguité. [...]
[...] En Quoi est-ce une scène d'exposition ? Le propre d'une scène d'exposition est de renseigner rapidement le spectateur- et le lecteur- sur la situation des principaux personnages de l'action. C'est donc une scène initiale qui doit, à la fois, donner des informations sur les protagonistes et lancer l'action. Ici, le rideau se lève sur une action en cours : trois hommes attendent l'apparition d'un quatrième personnage dont on apprend très vite que c'est une femme par les premiers mots qui ouvrent la pièce: " Qu'elle se fasse attendre". [...]
[...] La tirade de Lorenzo Elle constitue la partie la plus importante de la scène. Elle est révélatrice du rôle de Lorenzo dans la pièce et de son influence sur le Duc. Il "rassure" d'abord son maître :"Nous n'avons . la petite". Pour le faire patienter, il va flatter Alexandre en le présentant comme un "connaisseur" et en faisant le portrait tentateur d'une innocente dont il souligne la jeunesse "débauche à la mamelle", "enfant de quinze ans", "une jeune chatte", "arbuste en fleur", "atmosphère enfantine", la fragilité "tant de pudeur", "proprette". [...]
[...] Voir dans une enfant de quinze ans la rouée à venir ; étudier, ensemencer, infiltrer paternellement le filon mystérieux du vice dans un conseil d'ami, dans une caresse au menton - tout dire et ne rien dire, selon le caractère des parents - ; habituer doucement l'imagination qui se développe à donner des corps à ses fantômes, à toucher ce qui l'effraye, à mépriser ce qui la protège ! Cela va plus vite qu'on ne pense ; le vrai mérite est de frapper juste. Et quel trésor que celle-ci ! Tout ce qui peut faire passer une nuit délicieuse à Votre Altesse ! Tant de pudeur ! Une jeune chatte qui veut bien des confitures, mais qui ne veut pas se salir la patte. Proprette comme une Flamande ! [...]
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