Quelle est la motivation principale qui incite à écrire une lettre ? Il semble bien que l'absence du destinataire soit déterminante, même si le genre et le registre des lettres, qu'il s'agira de clairement définir dans un premier temps, paraissent très différents et modifient de ce fait la situation de communication.
Ensuite, peut-on se contenter d'affirmer que la rédaction d'une lettre se réduit à compenser une absence ? N'y aurait-il pas plutôt dans certains cas avantage à tirer de la distance qu'implique la relation épistolaire et ne faudrait-il pas voir, au contraire, dans la célébration du destinataire, une allégorie des motivations de l'acte d'écrire ? (...)
[...] Utilisant abondamment les pronoms de deuxième personne, apostrophant leur interlocuteur en l'appelant ma bonne ma chérie ou Vicomte s'appuyant sur une ponctuation affective comme Roxane qui multiplie interrogations et exclamations, tous donnent une réalité et une présence à celui qui est loin. La mère de madame de Grignan est celle qui va le plus loin dans cette voie puisqu'elle est sans cesse à ses côtés, mais Roxane agonisante évoque, elle aussi, l'homme dont elle triomphe finalement. Il en est de même lorsque la marquise met en scène son ironie mordante ou lorsqu'Apollinaire se lamente. La lettre n'est plus alors seulement un message adressé à l'absent, mais elle devient un dialogue entre deux êtres. [...]
[...] Introduction Quelle est la motivation principale qui incite à écrire une lettre ? Il semble bien que l'absence du destinataire soit déterminante, même si le genre et le registre des lettres, qu'il s'agira de clairement définir dans un premier temps, paraissent très différents et modifient de ce fait la situation de communication. Ensuite, peut-on se contenter d'affirmer que la rédaction d'une lettre se réduit à compenser une absence ? N'y aurait-il pas plutôt dans certains cas avantage à tirer de la distance qu'implique la relation épistolaire et ne faudrait-il pas voir, au contraire, dans la célébration du destinataire, une allégorie des motivations de l'acte d'écrire ? [...]
[...] Chaque mot est pesé pour esquiver ou annihiler toute tentative de riposte. On devine la jubilation vengeresse de Roxane et de Mme de Merteuil à prévenir la réaction de leurs adversaires. Déjà sensible dans le texte de Montesquieu, La pulsion castratrice est explicite chez Laclos : la femme s'affirme en privant le mâle dominateur (ou voulant l'être) de tout moyen d'action. En fait, plus que son absence ou sa présence, c'est son existence même qui motive totalement l'écriture. c. Le moteur de l'écriture En réalité, plus le constat de l'absence du destinataire est établi, plus il rend impérieux le désir d'écrire, pour se venger, pour se rassurer. [...]
[...] Elle peut même paradoxalement faire passer à la postérité le bourreau, cette Lou primesautière qui a si cruellement meurtri Apollinaire et serait tombée dans les brumes de l'oubli sans les lettres du soldat-poète. Au demeurant, c'est surtout dans le roman épistolaire que naît la femme, non la discrète et dévouée esclave, disposée à satisfaire les désirs du mâle, telle que la veut le despote Usbek, mais une personne humaine prête à tout pour s'affirmer, jusque dans l'excès comme la redoutable marquise de Merteuil. [...]
[...] Cependant, cet éloignement même peut devenir un avantage. c. Les avantages de la mise à distance En effet, c'est bien parce qu'Usbek se trouve à Paris, où il se permet tout (troisième paragraphe), que Roxane a pu mettre au point sa vengeance. Recluse dans le sérail, elle a pu séduire ses eunuques c'est-à-dire les tromper pour assouvir ses désirs avec le seul homme qui la retenait à la vie L'absence imprudente d'Ubsek a affaibli son emprise despotique sur le sérail. [...]
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