Le fantastique apparaît au XVIIIème siècle, en plein siècle des Lumières, comme une alternative au règne de la raison, dont le genre prend le contrepied, notamment avec des oeuvres comme Le diable amoureux de Jacques Cazotte ou les romans noirs anglais de la fin de siècle, tels que Le Château d'Otrante d'Horace Walpole ou Les Mystères d'Udolphe d'Ann Radcliffe, où règnent terreur et surnaturel dans de sombres châteaux médiévaux (...)
[...] Projet de recherche de Master en Littérature comparée Miroir, ombre, portrait, dédoublement : Le motif du double dans la littérature fantastique, aux XVIIIe, XIXe et XXe siècles Le fantastique apparaît au XVIIIème siècle, en plein siècle des Lumières, comme une alternative au règne de la raison, dont le genre prend le contrepied, notamment avec des œuvres comme Le diable amoureux de Jacques Cazotte ou les romans noirs anglais de la fin de siècle, tels que Le Château d'Otrante d'Horace Walpole ou Les Mystères d'Udolphe d'Ann Radcliffe, où règnent terreur et surnaturel dans de sombres châteaux médiévaux. C'est toutefois le XIXème siècle qu'on considère comme le siècle d'or du fantastique. Le genre prendra, en effet, un certain essor. Et, les premières études sur la folie n'y sont sans doute pas entièrement étrangères. Le fantastique exprime un profond mouvement de révolte contre le rationalisme. Le genre va donc se rapprocher davantage des sciences occultes (illuminisme, magnétisme) et de certaines sciences humaines alors naissantes comme, par exemple, la psychiatrie. [...]
[...] Pierre-Georges Castex, notamment, a exposé l'importance de ce contexte historique dans Le conte fantastique en France. Ce violent rejet des certitudes de la raison va de pair avec l'idée d'un sujet mal à l'aise dans son époque, ce qui le rapproche en quelque sorte du romantisme et du mal du siècle. Ainsi, le fantastique met en scène une perception du monde bouleversée par un événement étrange, un phénomène irrationnel qui survient dans un cadre réaliste, et qui terrorise le narrateur. [...]
[...] C'est d'ailleurs le cas dans le mythe originel de Narcisse. En effet, déjà dans Les Métamorphoses d'Ovide, livre III, la contemplation insensée de son propre reflet le conduit Narcisse a disparaître puisqu'il se transforme en une fleur qui portera son nom. Le double vole bien souvent la vie du héros, quelquefois grâce à un pacte, quelquefois en la vampirisant peu à peu, reste que le motif du double est fortement lié au thème de la mort. De plus, le fantastique, qui permet d'explorer l'univers intérieur jusque dans ses plus intimes retranchements, quelquefois à la limite de la folie, est du côté de "l'imagination", chère au romantisme. [...]
[...] Ces trois siècles sont en effet traversés, comme on l'a vu par un même mouvement de révolte face au règne de la raison. Or, le motif du double ou du dédoublement est particulièrement apte à exprimer ce doute, puisque le double a bien souvent des désirs opposés à son modèle, et qui, bien souvent, lui nuisent. De plus, le motif du double est directement lié à la mort et permet de s'interroger sur celle-ci. Le dédoublement conduit toujours le héros à un destin funeste car selon la superstition populaire : "qui voit son double doit mourir"(cf. Gabriel-A. [...]
[...] C'est également le cas du motif du double, qui apparaît dans le genre romanesque au XVIIIème siècle, et qui peut prendre de multiples formes. Il peut apparaître à travers certains objets comme les miroirs (chez Maupassant, dans Le Horla, Lui et Lettre d'un fou), les masques (chez Jean Romain), ou encore le portrait (avec Le Portrait ovale d'Edgar Allan Poe et Le Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde). Mais ce double peut aussi être une ombre (Adelbert Von Chamisso, L'étrange histoire de Peter Schlemihl) ou le dédoublement du héros, physique (dans La Fille aux yeux d'or d'Honoré de Balzac) ou psychique (L'étrange cas du docteur Jekyll et de Mister Hyde de Robert Louis Stevenson) qui peut aller jusqu'à l'hallucination (notamment chez Nerval ou Maupassant).Ce dédoublement de personnalité peut même le rapprocher de la bestialité (comme dans Lokis de Pierre Mérimée) puisque le genre explore les limites de l'esprit humain. [...]
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