Avant d'entreprendre l'étude analytique de cette lettre, un bref rappel d'histoire permettra de rappeler que l'édit de Nantes, qui fut signé le 30 avril 1598 et mit fin aux guerres de Religion, est le symbole de la victoire de la tolérance sur la guerre civile et religieuse. Par cet édit, la France devient le premier royaume d'Europe où la religion du roi n'était pas imposée officiellement à tous ses sujets (...)
[...] Sous Louis XIII, l'édit ne fut pas fondamentalement remis en cause, même si certains événements montrèrent la détermination du roi à contrôler l'État dans l'État huguenot. Avec l'avènement de Louis XIV, en 1661, la politique royale religieuse changea radicalement d'orientation. Les jansénistes et les protestants furent les premières cibles de diverses mesures répressives. En 1883, la mort de Colbert, partisan de la tolérance religieuse ne fût-ce que pour des raisons économiques, associée au plus grand rôle au Conseil d'en- haut du chancelier Le Tellier fermement hostile aux protestants, finirent de réunir les conditions nécessaires à une attaque contre les différentes clauses de l'édit de Nantes. [...]
[...] On estime ainsi que quelque trois mille personnes ont été condamnées aux galères entre 1685 et 1715 pour leur appartenance religieuse au protestantisme. Les caractéristiques de la lettre Les indices d'énonciation Même s'il n'y a pas d'en-tête, on relève : - le locuteur et le destinataire ainsi que la destination : Usbek à Mirza, à Ispahan - le lieu d'énonciation ainsi que la date : De Paris, le 25 de la lune de Gemmadi Le nom du mois est un nom persan du calendrier rapporté par Chardin dans le Voyage en Perse et aux Indes orientales mais Montesquieu situe ce mois exotique, non pas dans le calendrier musulman, qui débute le 16 juillet 622, mais dans le calendrier chrétien, en sorte, probablement, que le lecteur ne se sente pas trop perdu. [...]
[...] Conclusion Cette lettre est emblématique de la raison d'être des Lettres persanes. En transposant son récit en Orient, cette histoire persane permet à Montesquieu de critiquer la révocation de l'édit de Nantes et d'affirmer sa préférence pour une religion multiconfessionnelle, tout en évitant d'être censuré. [...]
[...] Celui qui veut me faire changer de religion ne le fait sans doute que parce qu'il ne changerait pas la sienne, quand on voudrait l'y forcer : il trouve donc étrange que je ne fasse pas une chose qu'il ne ferait pas lui-même peut-être 55 pour l'empire du monde. De Paris, le 25 de la lune de Gemmadi Montesquieu, Lettres persanes, Lettre LXXXV. ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Montesquieu (1689-1755) est un moraliste et philosophe français du XVIIIe siècle. Caractérisé par une ouverture d'esprit et une faculté d'adaptation peu commune, les philosophes du XVIIIe siècle reconnaîtront en lui leur précurseur. [...]
[...] L'art du conteur Comme c'est souvent le cas avec les lettres politiques, cette lettre est de la main d'Usbek. L'évocation de l'anecdote de l'histoire persane donne au lecteur l'occasion de s'élever au-dessus du particulier pour parvenir à une réflexion d'ensemble sur la religion. Le contenu de cette lettre permet alors d'individualiser deux parties distinctes : - lignes 1 à 22 : description d'éléments historiques de Perse. Conformément à l'évocation du passé, les temps de conjugaison de cette partie de la lettre sont le passé composé, l'imparfait et le passé simple. [...]
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