Dans la lettre LXXIV adressée à Rica, c'est Usbek, le Persan sociologue, qui écrit pour rapporter une scène dans laquelle il rend visite à un grand seigneur. Par la plume d'Usbek, c'est alors l'occasion pour Montesquieu de critiquer les abus de pouvoir des nobles, mais aussi de défendre un idéal social et politique (...)
[...] Paradoxalement, les deux ouvrages assurant le renom de leur auteur sont l'un et l'autre anonymes : Les Lettres persanes en 1721 et L'Esprit des Lois en 1748. Reste que ces deux œuvres d'un homme qui a pour parrain un mendiant, parce que son père veut qu'il se souvienne toujours que les pauvres sont ses frères, et qui est reçu conseiller au Parlement de Bordeaux le 24 février 1714, changent fondamentalement le regard que le siècle porte sur lui-même, sur son temps et sa civilisation. [...]
[...] Dans cette lettre, la satire de la noblesse se fait par : La théâtralisation de la scène Elle recourt à une profusion d'images sensorielles, visuelles et auditives, et au caractère emphatique du noble : - les images sensorielles .visuelles. Le spectacle met l'accent sur les gestes : il prit (ligne il se moucha et il cracha (ligne il caressa (ligne 10). Ce sont des actes avilissants pour le noble. A contrario, le Persan assiste au spectacle qu'il raconte à l'aide de perceptions visuelles : je vis (ligne et admirer (ligne 11) . [...]
[...] (lignes 11-12). Puis, la satire est reprise par l'attitude admirative paradoxale, car ironique, d'Usbek. Paraissant l'admirer, il fait alors ce que l'on attend de lui et souligne ainsi le ridicule et l'absurdité de ce noble. Conclusion La Lettre LXXIV, véritable satire de la noblesse de son temps, inscrit Montesquieu dans la tradition des Caractères de La Bruyère. En quelques lignes, il fait vivre et agir un personnage qui permet de dégager un portrait critique d'ordre social. [...]
[...] C'est d'abord un mépris physique (il se moucha, il cracha) avant de devenir un mépris moral lorsqu'il accorde plus d'importance à ses chiens qu'aux hommes. La constatation du défaut par le regard d'Usbek Lorsque le Persan assiste à ce tableau, il manifeste un comportement qui participe également à la satire de la noblesse. C'est d'abord une réaction de stupéfaction, avec le verbe admirer (que nous avons déjà abordé) mais aussi l'exclamation qui suit : Ah ! bon Dieu ! . si, lorsque j'étais à la cour de Perse, je représentais ainsi, je représentais un grand sot ! [...]
[...] Que veut dire cela, Monsieur ? Est-ce qu'il est plus poli, plus affable que 5 les autres ? Non, me dit-il. Ah ! j'entends ! il fait sentir à tous les instants la supériorité qu'il a sur tous ceux qui l'approchent. Si cela est, je n'ai que faire d'y aller : je la lui passe tout entière et je prends condamnation. Il fallut pourtant marcher, et je vis un petit homme si fier, il prit une prise de tabac avec tant de hauteur, il se moucha si impitoyablement, il cracha avec tant de 10 flegme, il caressa ses chiens d'une manière si offensante pour les hommes, que je ne pouvais me lasser de l'admirer. [...]
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