Dans la lettre XXIX adressée à Ibben, c'est Rica, le plus jeune et le plus porté à l'ironie, qui, en écrivant, offre au lecteur une sorte de bilan de la hiérarchie religieuse. Dans ce texte, Montesquieu utilise ce jeune héros pour dénoncer les abus de l'Église de l'époque (...)
[...] Le locuteur Dans cette lettre, Rica aborde la hiérarchie religieuse. Le caractère de Rica Il est jeune et entier dans ses jugements. Dès qu'il arrive à Paris et malgré sa méconnaissance de la France, il avance des définitions sur un ton qui ne saurait être contesté : .Le Pape est le chef des chrétiens, ligne 1 .Les évêques sont des gens de loi qui lui sont subordonnés, ligne 7. Son langage présente trois caractéristiques : - il est volontiers hyperbolique .des trésors immenses, ligne 5 .un grand pays sous sa domination, ligne 6 .une infinité de pratiques très difficiles, ligne 11 .un nombre infini de docteurs, ligne 18 .mille questions nouvelles, lignes 18- 19 - mais aussi irrévérencieux .C'est une vieille idole qu'on encense par habitude, lignes 1-2 .on va à l'Evêque ou au Pape, ligne 16 - et ironique, notamment avec les expressions Il se dit successeur (ligne et une riche succession (ligne 5). [...]
[...] Dès 1717, Montesquieu, magistrat sans vocation réelle, cherche à communiquer ses idées sur la politique et la société par un ouvrage qui puisse avoir un grand retentissement sans pour autant utiliser une forme aride ou ennuyeuse. Ce sera le roman par lettres, roman épistolaire, dont il est fier de s'affirmer le précurseur. En 1721, il fait paraître un écrit anonyme, publié à Amsterdam et exploitant la veine orientaliste qui est à la mode à l'époque : les Lettres persanes qui exposent des Orientaux imaginaires mettant en pratique un regard qui préfigure ce que sera celui de la sociologie. L'impertinence du texte choque quelques intellectuels. [...]
[...] Enfin, l'accent est mis sur la violence guerrière : il n'y a jamais eu de royaume où il y ait eu tant de guerres civiles que dans celui du Christ (lignes 21-22) et la condamnation par l'Église des hérétiques (lignes 23 à 28). Conclusion La lettre XXIX nous permet de retrouver le ton mordant et ironique de Rica et de pénétrer dans le monde des Lumières, qui s'opposera avec la même virulence au fanatisme religieux. On retrouve là la motivation première d'écriture des Lettres persanes : passer en revue les grands problèmes qui seront développés tout au long du XVIIIe siècle. [...]
[...] Il se dit successeur d'un des premiers chrétiens, qu'on appelle 5 saint Pierre, et c'est certainement une riche succession : car il a des trésors immenses et un grand pays sous sa domination. Les évêques sont des gens de loi qui lui sont subordonnés et ont, sous son autorité, deux fonctions bien différentes : quand ils sont assemblés, ils font, comme lui, des articles de foi ; quand ils sont en particulier, ils n'ont guère d'autre fonction que de 10 dispenser d'accomplir la Loi. [...]
[...] Ainsi, la lettre de Rica se veut être une critique des intervenants et des institutions religieuses. Le pape Il perd sa dimension de chef spirituel de l'Église, qui est remplacée par le pouvoir, attesté par le champ lexical correspondant : .chef des chrétiens, ligne 1 .redoutable, ligne 2 .un grand pays sous sa domination, ligne 6. À son profit, il semble détourner les chrétiens de la foi en Dieu. Il est même tourné en dérision, comme le suggère les expressions comme vieille idole (ligne et par habitude (ligne 2). [...]
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