En 1721, Montesquieu fait publier ses Lettres persanes, roman épistolaire polyphonique au sein duquel il mêle avec subtilité philosophie et politique. Cette oeuvre peut surprendre étant donné que Montesquieu est connu surtout pour ses traités politiques, philosophiques, ou encore scientifiques comme Dissertation sur la politique des Romains dans la religion (1716), divers mémoires sur l'écho, les glandes rénales (1718), De l'esprit des lois (1747), etc. Le genre de Lettres persanes est donc nouveau si l'on considère ses oeuvres antérieures. Pourquoi Montesquieu choisit-il d'inscrire sa réflexion politique et philosophique au sein d'une oeuvre romanesque plutôt que d'un essai ? (...)
[...] Dans la lettre XXIV, Rica décrit Paris à Usbek tel qu'il le perçoit et donne ainsi l'occasion au lecteur français de redécouvrir sa France avec un œil nouveau. ne sont pas seulement les lectures sérieuses qui sont utiles mais aussi les agréables. La philosophie ne doit pas être isolée, elle a des rapports avec tout.” En effet, si l'aspect divertissant entraîne le lecteur, il n'en reste pas moins que le roman suscite une réflexion tout à la fois. Lettres persanes n'est pas seulement une fiction romanesque. [...]
[...] Outre l'aspect divertissant et la réflexion assez large, Montesquieu a recours au procédé de l'observateur étranger afin de critiquer sous son couvert ce qui se passe au sein de la société dans laquelle il vit. Contrairement à l'essai, la réflexion inscrite au sein de l'œuvre polyphonique permet la cohésion de thèmes qui fait de Lettres persanes un roman d'une richesse extraordinaire et le chef d'œuvre des romans épistolaires du XVIIIème siècle. [...]
[...] En effet, ce procédé lui permet de critiquer en toute impunité le système français que ce soit celui de la société, de la politique ou de la religion. Dans la lettre XXXVI, Usbek évoque la querelle d'Homère qui préoccupe les intellectuels du XVIIIème siècle. Selon lui, cette querelle n'a pas lieu d'être : la polémique sur un poète mort est stérile. À travers la voix d'Usbek, Montesquieu se permet une critique qu'il voilerait s'il l'écrivait lui-même. Grâce à cette allusion, il fixe l'actualité au sein de la fiction et regarde d'un œil satirique cet événement littéraire de son temps. [...]
[...] Dans cette même lettre, Montesquieu se montre opposé à la Constitution qui reflète le pouvoir trop absolu du Pape. Le roman se ferme sur le suicide de Roxane, suicide qui à l'époque de Montesquieu tient lieu de crime contre l'Église catholique. Cet épisode permet à l'auteur de critiquer l'Église et de mettre la liberté en face de la religion. La fin de l'œuvre avec la mort de Roxane est la fin de toute illusion religieuse et politique ; les lois naturelles seraient supérieures aux lois de Dieu et celles des hommes. [...]
[...] Les plus forts massacrent les plus faibles, entraînant leur disparition. Quant aux bons Troglodytes, - les rescapés de la société précédente ils connaissent le bonheur et la prospérité. Ces hommes sont en effet vertueux, ils pratiquent le culte des dieux par des fêtes, des sacrifices. C'est un peuple qui s'entraide; le bien commun prime sur le bien particulier. C'est ainsi que la population augmente. Mais devenu trop nombreux, ils choisissent un roi car ils sont incapables de s'auto- gouverner : ils deviennent donc assujettis. [...]
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