Montesquieu (1689-1755) est un moraliste et philosophe français du XVIIIe siècle. Caractérisé par une ouverture d'esprit et une faculté d'adaptation peu commune, les philosophes du XVIIIe siècle reconnaîtront en lui leur précurseur (...)
[...] Dès 1717, Montesquieu, magistrat sans vocation réelle, cherche à communiquer ses idées sur la politique et la société par un ouvrage qui puisse avoir un grand retentissement sans pour autant utiliser une forme aride ou ennuyeuse. Ce sera le roman par lettres, roman épistolaire, dont il est fier de s'affirmer le précurseur. En 1721, il fait paraître un écrit anonyme, publié à Amsterdam : les Lettres persanes qui exposent des Orientaux imaginaires qui mettent en pratique un regard qui préfigure ce que sera celui de la sociologie. [...]
[...] La mort très lente a pour effet de faire durer le supplice d'Usbek, souffrance parfaitement désirée par Roxane. III- Le sens politique de cette lettre La dénonciation de l'oppression masculine Cette lettre dénonce la tyrannie masculine, surtout à travers l'exemple du sérail. Dans cette partie du palais où vivent les femmes, les règles sont simples : plaire ou mourir. Les femmes étaient gardées pour leur beauté et leur sensualité (il convient de noter que ce dernier caractère n'est que suggéré dans cette lettre). [...]
[...] Cette liberté que s'attribue Roxane dans la mort signe l'échec de la philosophie d'Uzbek, qui ne fut tolérant qu'en paroles. La seule Roxane est restée dans le devoir disait la lettre elle est la favorite, mais sa mort équivaut à une dénonciation de la cruauté des eunuques, de la tyrannie de son maître, et à la proclamation qu'elle seule parmi les femmes a su garder son indépendance de penser et répondre à la tyrannie par l'hypocrisie. Montesquieu, par la voix de Roxane, souligne que face à la pensée, au courage et à la détermination, le sérail en tant qu'organisation totalitaire est aussi dépourvu d'avenir que la monarchie absolue de Louis XIV. [...]
[...] Je meurs ; mais mon ombre 5 s'envole bien accompagnée ; je viens d'envoyer devant moi ces gardiens sacrilèges qui ont répandu le plus beau sang du monde. Comment as-tu pensé que je fusse assez crédule pour m'imaginer que je ne fusse dans le monde que pour adorer tes caprices ? Que, pendant que tu te permets tout, tu eusses le droit d'affliger tous mes désirs ? Non ! J'ai pu vivre dans la servitude, mais 10 j'ai toujours été libre : j'ai réformé tes lois sur celles de la nature, et mon esprit s'est toujours tenu dans l'indépendance. [...]
[...] L'infidélité Cette lettre fait prendre conscience à Usbek qu'il ne connaissait pas réellement Roxane. Cette femme en qui il avait toute confiance, se révèle être une infidèle. Il n'imaginait pas qu'elle puisse le tromper, lui qui pensait qu'elle adorait ses caprices et était soumise. Du reste, Roxane le lui fait bien comprendre : Si tu m'avais bien connue (lignes 16-17) en répétant des verbes comme croire (ligne 18 et 19). La frustration est d'autant plus importante qu'il ne pourra se venger. [...]
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