Montesquieu, "Lettres persanes", Lettre XXX : commentaire - publié le 29/05/2009

Résumé du document

La lettre est bâtie sur un récit qui développe la première phrase relative à l'extraordinaire curiosité des Parisiens. Ce récit se scinde en deux parties caractérisées par une différence de tonalité et par une opposition de contenu. Il est raconté avec une grande vivacité, ce qui lui donne la fantaisie d'une scène prise sur le vif.
Les deux étapes du récit correspondent aux deux paragraphes et aux deux situations successives : un Persan selon les apparences, un vrai Persan qui s'est débarrassé des apparences (...)

Extraits

[...] C'est justement la tâche que Montesquieu s'assigne dans les Lettres persanes : mettre en lumière l'efficacité constante de l'étonnement réciproque. [...]

[...] Je demeurais quelquefois une heure dans une compagnie sans qu'on m'eût regardé, et qu'on m'eût mis en occasion d'ouvrir la bouche. Mais, si quelqu'un, par hasard, apprenait à la compagnie que j'étais Persan, j'entendais aussitôt autour de moi un bourdonnement: ah! Monsieur est Persan? c'est une chose bien extraordinaire! Comment peut-on être Persan?" De Paris, le 6 de la lune de Chalval 1712. Commentaire composé. Introduction. Dans la lettre XXX, Montesquieu rapporte une anecdote qui démontre que les apparences peuvent tromper le jugement. [...]

[...] Ils sont perçus comme des badauds que le moindre spectacle de la rue passionne. Au-delà de cette caractéristique, essentiellement traduite dans le texte par le monde aux fenêtres et le cercle des spectateurs aux Tuileries, le texte insiste sur la naïveté. Cette attitude se révèle dans l'exclamation, surtout si l'on considère qu'il s'agit de gens ne sortant pas de chez eux. Par l'assurance du ton, Montesquieu stigmatise un comportement générateur de préjugés et d'idées toutes faites, de jugements uniquement fondés sur l'apparence. [...]

[...] Avec humour, Montesquieu polarise l'attention sur ce qui est la base même de sa démarche : faire apparaître sous ce code des apparences une réalité inacceptable qu'il faut corriger. La question finale Comment peut-on être Persan ? est une invitation à poser d'autres questions: Comment peut-on être ce que l'on est, comment le système dans lequel on vit peut-il être ce système ? C'est en réalité la question liminaire à toute remise en cause. La structure de la lettre. Une anecdote au verbe alerte. [...]

[...] Des situations variées, mais condensées. Dans un premier mouvement, le récit condense une succession de petites scènes rapides marquées par la diversité des lieux : dans la rue, aux Tuileries, aux spectacles Cette diversité est soulignée par l'insistance sur les endroits où se trouvent les portraits : partout toutes les boutiques toutes les cheminées La vivacité tient à la diversité des scènes, aux énumérations, au caractère visuel de la narration (la multitude des gens, les couleurs), à la vélocité qui rythme la succession des actions aussitôt d'abord On peut aussi noter le passage au style direct donnant les réflexions saisies sur le vif, au hasard : Il faut avouer qu'il a l'air bien persan Un récit humoristique. [...]