Commentaire très détaillé (8.5 pages) du texte "De l'esclavage des nègres" de Montesquieu extrait de "De l'esprit des lois" : rappel du texte, plan du commentaire, introduction, lecture linéaire avec renvoi de chaque remarque à la partie adéquate, conclusion.
[...] IIC : il est impossible : tournure impersonnelle sans nuance qui exprime le refus catégorique de toute contradiction. IIB : mais la manière dont le syllogisme est ici formulé (affirmation d'une réalité par le refus des conséquences possibles de la réalité contraire) permet à Montesquieu d'introduire la supposition que les esclavagistes ne sont pas chrétiens. Le postulat du raisonnement est ainsi remis en cause : le nous sommes chrétiens est admis comme une évidence mais n'est nullement prouvé. Ce qui est vrai pour l'esclavagiste Ce qui est la réalité 1. [...]
[...] Le sucre serait trop cher, si l'on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves. Ceux dont il s'agit sont noirs depuis les pieds jusqu'à la tête ; et ils ont le nez si écrasé qu'il est presque impossible de les plaindre. On ne peut se mettre dans l'esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout une âme bonne, dans un corps tout noir. Il est si naturel de penser que c'est la couleur qui constitue l'essence de l'humanité, que les peuples d'Asie, qui font les eunuques, privent toujours les noirs du rapport qu'ils ont avec nous d'une façon plus marquée. [...]
[...] IB : logique apparente : a + b c (la conséquence est exprimée par la consécutive que . dépendant de l'adverbe si La couleur et le nez épaté sont les causes invoquées pour légitimer l'esclavage : la laideur des noirs (jugement sensible dans les expressions hyperboliques et dévalorisantes depuis les pieds jusqu'à la tête et le nez si écrasé serait censée autoriser le mauvais traitement qu'on leur réserve. IC : présent de vérité générale et tournure catégorique il est ( ) impossible qui donnent une certaine force à cette assertion. [...]
[...] IC : le terme de preuve contribue à donner l'impression d'un discours solidement argumenté qui cherche à convaincre le destinataire du bien-fondé de l'esclavage. IIB : mais cet argument est également absurde : les choses n'ont pas de valeur en soi, c'est l'homme qui la leur confère ; on ne prise que ce dont on est privé (cf. jadis les grands-parents pour qui les oranges étaient à Noël un cadeau considérable tant ce fruit était rare) : c'est la loi de l'offre et de la demande et celle-ci est relative à chaque pays (voire à chaque région : les coquillages coûtent moins cher au bord de la côte que loin d'elles). [...]
[...] IIIB : Montesquieu met donc ici habilement les Européens devant leurs contradictions de chrétiens : on ne peut à la fois être chrétien et esclavagiste. Cette fois, Montesquieu ne s'en prend pas à la religion ; il s'appuie au contraire sur elle (les lecteurs de l'époque sont en effet majoritairement croyants) pour mieux critiquer l'esclavage. Le texte comporte ainsi un argument à l'usage des chrétiens (le 8ème) et un argument qui peut se retourner contre la religion (le 4ème) : il touche ainsi tous les destinataires possibles. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture