L'homme est d'entrée posé comme un être difficile à cerner, contradictoire, incapable d'objectivité et d'authenticité. « Les hommes se regardent de trop près pour se voir tels qu'ils sont ». Contrairement aux stoïciens pour qui le sage est capable de posséder la sagesse et d'égaler Dieu, à Montaigne et aux Pyrrhoniens pour qui l'homme ne peut atteindre aucune certitude, Montesquieu semble donner raison à Pascal lorsqu'il affirme : « Ils ont toujours d'eux-mêmes des témoins infidèles et des juges corrompus ». La guerre qui se livre entre les sens et la raison est chez Pascal la raison qui prouve que l'homme n'est pas capable d'avoir une connaissance fidèle et authentique de lui-même. Ce manquement serait inhérent à sa nature trop fragile : « L'homme est un roseau pensant », Pascal, Les Pensées. A présent, l'amour propre est à prendre en considération pour évaluer la grandeur et la misère de l'homme. Pour Montesquieu comme pour Pascal, l'amour propre est un penchant négatif du coeur. C'est le point de vue critique de l'amour de soi qui empêche l'homme de s'initier d'un point de vue philosophique à la connaissance de soi-même, « Ils n'aperçoivent leurs vertus et leurs vices qu'au travers de l'amour propre qui embellit tout ». Si l'on se réfère au Banquet de Platon, l'amour propre est le véritable ressort de la philosophie car de l'amour des beaux corps, on s'élève à l'amour des belles âmes. C'est un amour authentique ou initiatique, c'est-à-dire, qui passe du sensible à l'intelligible, mais l'amour propre n'est pas le véritable amour. Il a en fait le même pouvoir que l'imagination chez Pascal, celui d'embellir, et par conséquent de transformer la réalité comme cela nous arrange. Nous retrouvons à ce stade de la réflexion le champ lexical de l'échec, « le moins fidèle », « juges corrompus » (...)
[...] Il dénonce la faiblesse de la nature humaine incapable de sincérité et dominée par l'amour propre. Celle-ci ne pourrait donc pas s'élever à une connaissance authentique d'elle-même. I Le concept philosophique de la connaissance de soi 1 L'adage socratique : Connais-toi toi-même Le texte s'ouvre sur une citation des stoïciens qui faisaient consister le sens de la vie à l'étude de soi : la vie n'étoit pas trop longue pour une telle étude La définition de la philosophie est la suivante : philosophia –amour de la sagesse au sens étymologique, c'est-à-dire la conscience (la pensée réflexive est à l'origine de toute connaissance). [...]
[...] Eloge de la sincérité, introduction Montesquieu Texte étudié Les Stoïciens faisaient consister presque toute la philosophie à se connaître soi-même. La vie, disaient-ils, n'était pas trop longue pour une telle étude. Ce précepte avait passé des écoles sur le frontispice des temples ; mais il n'était pas bien difficile de voir que ceux qui conseillaient à leurs disciples de travailler à se connaître ne se connaissaient pas. Les moyens qu'ils donnaient pour y parvenir rendaient le précepte inutile : ils voulaient qu'on s'examinât sans cesse, comme si on pouvait se connaître en s'examinant. [...]
[...] Pour Montesquieu comme pour Pascal, l'amour propre est un penchant négatif du cœur. C'est le point de vue critique de l'amour de soi qui empêche l'homme de s'initier d'un point de vue philosophique à la connaissance de soi-même, Ils n'aperçoivent leurs vertus et leurs vices qu'au travers de l'amour propre qui embellit tout Si l'on se réfère au Banquet de Platon, l'amour propre est le véritable ressort de la philosophie car de l'amour des beaux corps, on s'élève à l'amour des belles âmes. [...]
[...] Montesquieu accuse les stoïciens et Socrate de n'avoir pas su évaluer les difficultés d'une telle entreprise. Ceux qui conseilloient à leur disciple de travailler à se connaître ne se connaissoient pas Faute de n'avoir pas su cerner les contradictions de la nature humaine, la philosophie ne peut pas être initiatique : elle ne peut pas élever l'homme raisonnable à la connaissance de lui-même. Ils pensaient que l'on pouvait accéder à la connaissance de soi en faisant retour sur soi-même. C'est la philosophie rétrospective. [...]
[...] Je sens une satisfaction secrète d'être obligé de faire l'éloge d'une vertu que je chéris, de trouver, dans mon propre coeur, de quoi suppléer à l'insuffisance de mon esprit, d'être le peintre, après avoir travaillé toute ma vie à être le portrait, et de parler enfin d'une vertu qui fait l'honnête homme dans la vie privée et le héros dans le commerce des grands. Lecture analytique Introduction Montesquieu, né en 1689 et mort en 1755, s'est consacré aux études de droit avant la littérature et la philosophie. Il est entre autre l'auteur de L'Eloge de la sincérité mais aussi de L'Esprit des lois et des Lettres persanes. L'Eloge de la sincérité est un court essai appartenant aux écrits de jeunesse et comportant les bases de toutes ses réflexions philosophiques futures. [...]
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