Au chapitre XV De l'esprit des lois, Montesquieu dénonce l'esclavage en une démonstration qui doit sa force à la forme choisie. Il s'agit en effet d'une argumentation en neuf points successifs, soulignés par une disposition en paragraphes et de nombreux alinéas. Le caractère argumentatif du texte est annoncé dès l'entrée en matière, qui souligne une situation hypothétique. La démonstration reprend alors les arguments que pourraient énoncer les esclavagistes, mais en soulignant à chaque fois leur caractère inadmissible, incohérent, absurde. C'est ce choix de démonstration a contrario, ou par l'absurde, qui rend le texte difficile à analyser. Dans quelle mesure l'apparence de parti pris pro-esclavagiste conduit à constamment retourner les propositions ? L'ironie joue donc un rôle essentiel (...)
[...] - un inventaire de l'Occident : la lettre rassemble tous les griefs de Montesquieu à l'égard de l'Église. Elle se donne des allures de chronique, voire de document (paragraphes successifs qui font le tour de la question, souci explicatif de Rica) pour les énoncer : pouvoir temporel du Pape, corruption et laxisme des évêques, querelles théologiques, fanatisme de l'Inquisition, cruauté, arbitraire du jugement, hypocrisie, appât du gain . On n'oubliera pas en effet que Montesquieu adresse ces lettres à un public averti qui ne manquera pas de deviner, derrière cette fausse objectivité, une intention satirique, d'autant que le ton de Rica n'est pas uniformément celui d'un observateur. [...]
[...] Elles ont la même fonction que les italiques avec en plus la volonté de suggérer que les rites chrétiens ne sont qu'affaire d'apparence, de formalisme hypocrite. - le vocabulaire persan : plaisant pour désigner des institutions occidentales, il les remet en cause et opère plus subtilement un nivellement des religions (accomplir la Loi, faire le Rhamazan, la plupart dervis); on notera la parodie dans la fin de la lettre d'un certain style fleuri, "à l'orientale" par lequel Rica vante en contrepoint (voir l'exclamation) les mérites de l'Islam (mais on sait ce que Montesquieu pense de la tolérance musulmane). [...]
[...] - il juge en effet plus ou moins directement. Son énonciation est marquée par des termes péjoratifs (vieille idole, guère d'autre fonction, tant de guerres civiles), des mouvements d'indignation (heureux celui qui a toujours, un pauvre diable). L'ironie (elle consiste comme toujours à voiler la critique derrière un discours faussement laudatif) est surtout sensible à la fin de l'avant-dernier paragraphe, où Rica-Montesquieu fait allusion à l'encouragement à la délation et à la cruauté des supplices, masquées par des rites officiels et l'hypocrisie des sermons charitables. [...]
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