Montaigne est un humaniste et un philosophe de la Renaissance dont l'oeuvre originale tient à la fois de l'essai, de la réflexion, du journal de voyage et de l'autobiographie. Ainsi les Essais réunissent les pensées que l'auteur, qui fut aussi homme de loi et maire de Bordeaux, a rédigées jusqu'à sa mort, en 1592.
Le chapitre "Des cannibales" évoque les sauvages des colonies, mais Montaigne les décrit avec un esprit finalement plus nuancé, plus naturel et plus sage que celui de bien des Européens. Dans ce passage final de cet essai, Montaigne narre l'étonnement de ceux-ci en découvrant certaines coutumes de l'hexagone.
(...) En utilisant le témoignage de ces "trois" indiens, Montaigne feint de faire connaître un point de vue extérieur et neuf ; ceux-ci ne semblent nullement impressionnés par la "façon" et la "pompe" de la société française. Ils répondent d'abord avec naturel et "bon sens" à un personnage de la suite du roi, puis à l'auteur. Le récit est écrit au passé et relate un événement de 1564, lorsque le jeune Charles IX fit un tour du royaume avec sa mère Catherine de Médicis, alors qu'il était âgé de quatorze ans (il avait été couronné à 10 ans), ce qui explique la réflexion des Indiens. C'est par le discours indirect que l'auteur rapporte leur propos, dans la première phrase du premier paragraphe, qui est très longue, de même que la dernière phrase du second, ce qui donne aussi une distanciation à leurs propos. Ils répondent à chaque fois à une "demande", le verbe "demander" est utilisé deux fois, et les parallélismes et les anaphores, "ils dirent que...", "il me dit que", "il dit qu'", leur donnent la primauté de la parole.
Montaigne met en évidence le jugement honnête du sauvage, son humilité et ses qualités d'observation. Leurs réflexions abordent deux thèmes, celui de l'orgueil et celui de l'injustice. Le fait que ce soit un enfant qui commande à des adultes les choque, ce qui est une mise en cause de la monarchie héréditaire, et donc du roi, et qui est déjà une injustice (...)
[...] Un lexique mélioratif, repos douceur bonheur qui désigne leur état d'origine, s'oppose ainsi à celui, assez péjoratif, qui qualifie notre société : corruption piper pompe L'auteur utilise aussi l'ironie à plusieurs reprises pour dénoncer les habitudes du royaume. La dernière phrase exclamative raille l'apparence et l'orgueil. Les indiens répondent à ce qu'ils ont trouvé de plus admirable or ce qui suit et leurs propos dénoncent des dysfonctionnements et des aberrations. Le portrait du Capitaine-Roi indique que son rôle ou son privilège, le seul, est de marcher le premier à la guerre satire du comportement de nos monarques. L'évocation des moitiés est humoristique mais donne une idée de leur sens de la fraternité, contrairement aux européens. [...]
[...] Enfin l'oubli est aussi une forme d'ironie car cela signifie qu'ils avaient d'autres arguments et observations sans doute aussi polémiques, mais l'auteur feint cet oubli, alors qu'il indique dans le paragraphe suivant qu'il a un rédacteur, même si celui-ci le suit très mal Conclusion : C'est en philosophe que Montaigne propose une réflexion sur quelques coutumes et pratiques européennes, pour en montrer l'absurdité. Ayant fort bien connu le roi, Montaigne peint néanmoins les abus de la monarchie, et les mœurs qu'elle impose à ses sujets. Ce passage qui finalement fait se confronter deux mondes fort différents n'est qu'un prétexte pour l'auteur afin de nous faire part de ses observations sur les grands. Quant au mythe du bon sauvage, on le retrouvera dans la littérature des Lumières. [...]
[...] Nous verrons qu'il utilise le regard des indiens pour dénoncer, mais qu'il s'implique également. I - Le procédé de distanciation et un regard neuf : En utilisant le témoignage de ces trois indiens, Montaigne feint de faire connaître un point de vue extérieur et neuf ; ceux-ci ne semblent nullement impressionnés par la façon et la pompe de la société française. Ils répondent d'abord avec naturel et bon sens à un personnage de la suite du roi, puis à l'auteur. [...]
[...] Montaigne se fait témoin de la scène dans la première partie, acteur dans la seconde, mais il intervient constamment, comme le soulignent les parenthèses, par exemple. Il précise qu'il avait un truchement c'est-à-dire qu'il dictait ses réflexions, comme c'est souvent le cas dans les Essais. Il se montre d'abord visionnaire dans les premières phrases en insistant sur le destin de ces hommes du nouveau monde, par une succession de subordonnées en incise juste avant le verbe principal, pour montrer que leur sagesse, confrontée à notre société corrompue, finira par les perdre. [...]
[...] Tout cela ne va pas trop mal ; mais quoi, ils ne portent point de haut de chausses! (français modernisé) commentaire Introduction : Montaigne est un humaniste et un philosophe de la Renaissance dont l'œuvre originale tient à la fois de l'essai, de la réflexion, du journal de voyage et de l'autobiographie. Ainsi les Essais réunissent les pensées que l'auteur, qui fut aussi homme de loi et maire de Bordeaux, a rédigées jusqu'à sa mort, en 1592. Le chapitre Des cannibales évoque les sauvages des colonies, mais Montaigne les décrit avec un esprit finalement plus nuancé, plus naturel et plus sage que celui de bien des Européens. [...]
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