Dès 1717, Montesquieu, magistrat sans vocation réelle, cherche à communiquer ses idées sur la politique et la société par un ouvrage qui puisse avoir un grand retentissement sans pour autant utiliser une forme aride ou ennuyeuse. Ce sera le roman par lettres, roman épistolaire, dont il est fier de s'affirmer le précurseur. En 1721, il fait paraître un écrit anonyme, publié à Amsterdam : les Lettres persanes qui exposent des Orientaux imaginaires qui mettent en pratique un regard qui préfigure ce que sera celui de la sociologie. L'impertinence du texte choque quelques intellectuels.Cependant, le succès est tel que Montesquieu doit accepter plus ou moins officiellement d'en reconnaître la paternité, en dépit de ses déclarations dans la courte introduction : « C'est à condition que je ne serai pas connu ; car, si l'on vient à savoir mon nom, dès ce moment, je me tais. » Lors de leur réédition en 1754, il avoue officiellement la paternité de l'oeuvre.
Le titre insiste sur la couleur exotique, très à la mode au XVIIIe siècle. Mais les Lettres persanes inversent le voyage de découverte de l'époque : c'est l'Orient qui découvre l'Occident, et Montesquieu invite son lecteur à poser sur sa propre civilisation le regard critique, extérieur, qui aurait été le sien en voyage à l'étranger. Il s'efforce de montrer la société française comme il peut la voir lui-même grâce au regard d'étrangers tels qu'Usbek ou Rica qui correspondent entre eux en s'écrivant des lettres détaillant ce qu'ils observent dans leur pays respectif.
La lettre XXXVII permet à Montesquieu, par la plume d'Usbek, d'évoquer l'exercice de Louis XIV et ses incohérences. Il souhaite ainsi inciter une réflexion sur l'exercice du pouvoir du monarque. (...)
[...] L'impertinence du texte choque quelques intellectuels. Cependant, le succès est tel que Montesquieu doit accepter plus ou moins officiellement d'en reconnaître la paternité, en dépit de ses déclarations dans la courte introduction : C'est à condition que je ne serai pas connu ; car, si l'on vient à savoir mon nom, dès ce moment, je me tais. Lors de leur réédition en 1754, il avoue officiellement la paternité de l'œuvre. Le titre insiste sur la couleur exotique, très à la mode au XVIIIe siècle. [...]
[...] Un portrait critique Il est basé sur : - un pouvoir défaillant Si le premier paragraphe loue la longévité du monarque (Nous n'avons point d'exemple dans nos histoires d'un monarque qui ait si longtemps régné, lignes et ne conteste aucunement l'étendue de son pouvoir (On dit qu'il possède à un très haut degré le talent de se faire obéir, lignes c'est l'utilisation qui en est faite que l'auteur critique, soulignant le mélange des domaines d'application par une phrase faussement admirative : il gouverne avec le même génie sa famille, sa cour, son état (ligne 3). Cette juxtaposition montre non pas que c'est un talent de savoir gouverner tous ces domaines de la même façon, mais que le roi exerce son pouvoir selon ses caprices, ne sachant pas faire de différence dans ses interventions. - un éloge ironique .l'éloge se fait par de nombreux termes mélioratifs : talent, génie (ligne ; magnifique (ligne 25) ; grandes, inépuisables (ligne 28) . cependant l'ironie paraît nettement avec : . [...]
[...] Il ne croit pas que la grandeur souveraine doive être dans la distribution des grâces, et, sans examiner si celui qu'il comble de biens est homme de mérite, il croit que son choix va le rendre tel : aussi lui a-t-on vu donner une petite pension à un homme qui avait fui deux lieues, et un beau gouvernement à un autre qui en avait fui quatre Il est magnifique, surtout dans ses bâtiments : il y a plus de statues dans les jardins de son palais que de citoyens dans une grande ville. Sa garde est aussi forte que celle du prince devant qui les trônes se renversent. Ses armées sont aussi nombreuses ; ses ressources, aussi grandes ; et ses finances, aussi inépuisables. [...]
[...] Ce sont les temps classiques du discours : présent et passé-composé. La fiction orientale - La date de la lettre est fictive : De Paris, le 7 de la lune de Maharram Le nom du mois est un nom persan du calendrier rapporté par Chardin dans le Voyage en Perse et aux Indes orientales mais Montesquieu situe ce mois exotique, non pas dans le calendrier musulman, qui débute le 16 juillet 622, mais dans le calendrier chrétien, en sorte, probablement, que le lecteur ne se sente pas trop perdu. [...]
[...] Une forme épistolaire fictive On sait que dans les Lettres persanes, les lettres politiques sont de la main d'Usbek, et celle-ci n'y dérogera pas. Les indices épistolaires On relève de nombreuses caractéristiques de la forme épistolaire (même si dans leur ensemble, les Lettres persanes ne peuvent pas véritablement être qualifiées de roman épistolaire tant il apparaît impossible de reconstituer un schéma narratif complètement inexistant si l'on excepte la fin de l'œuvre et les intrigues dans le sérail d'Usbek) : - la mise en page typique du genre épistolier, avec le lieu, la date, l'émetteur et le destinataire - l'énonciation. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture