Fiche de lecture de l'ouvrage Un monde sans souveraineté : les états entre ruse et responsabilité de Bertrand Badie. Paris, Fayard 1999. Document de 7 pages.
L'histoire n'est pas finie. Les relations internationales par exemple, thème du récent ouvrage de Bertrand Badie, sont soumises à une évolution qu'il analyse : il affirme ainsi la relative décadence de la notion de souveraineté, concept dont il analyse la polysémie en détail.
[...] La réponse univoque que l'on peut aisément faire à toutes les affirmations de Badie lorsqu'il énonce les nombreux défis posés à la souveraineté dans la vie quotidienne est la suivante : oui, mais seulement si En l'occurrence, les Etats se soumettent à la pression des institutions internationales seulement s'ils le décident souverainement ; ils acceptent de transférer leur souveraineté, seulement s'ils y voient un intérêt En somme, les Etats mettent de côté leur souveraineté si ils y voient un intérêt, si ils le désirent (ou dans une acception plus constructiviste ou libérale, si les groupes ou individus le composant acceptent Ils peuvent bien évidemment être sujets aux pressions extérieures mais ils verront alors un intérêt réaliste à se soumettre : celui de la survie. La soumission des Etats aux conditions drastiques et envahissantes des institutions financières internationales n'ont elles pas pour unique but le maintien de l'aide financière ? Les Etats, s'ils trouvent un intérêt, peuvent ainsi accepter souverainement de perdre leur souveraineté. Ainsi, la perte même de souveraineté peut être souveraine. [...]
[...] B Une approche synthétique, donc difficilement réfutable. L'approche de l'auteur, si elle est plutôt tournée vers l'universalisme, et l'implication croissante de la notion de responsabilité face à celle de souveraineté, ne semble pas omettre la prise en compte d'autres variables déterminantes des relations internationales comme le réalisme ou les facteurs ethniques ou identitaires ; cette habile synthèse est ainsi difficilement réfutable. En effet, si la majeure partie du corps du texte de Badie est consacrée à l'analyse de la montée en puissance de la responsabilité au sein des relations internationales, il sait habilement faire des concessions au réalisme. [...]
[...] En somme, si une analyse méthodologique s'impose face à une assimilation du positif et du normatif, ainsi qu'à une non-réfutabilité de l'approche de Badie concernant la souveraineté, il s'agit également de souligner les lacunes de fond de celle-ci, c'est a dire la mise en avant du court terme et du courant au détriment du long terme et de l'essentiel, ainsi que la moindre importance accordée à une possible interprétation plus libérale et individualiste des fondements des relations internationales. I Une vision universaliste qui n'affirme sa volonté qu'à demi-ton, et qui en raison de son caractère synthétique est difficilement réfutable. A Un universalisme qui ne se dévoile qu'en partie. [...]
[...] Il insiste surtout sur la responsabilité mais, nous l'avons vu, prétend ne pas exclure la réalité des Etats. Les autres facteurs sont pour lui moins déterminants mais importants. Cette accumulation de facteurs explicatifs nuit à la clarté de la théorie. En effet, une théorie qui prendrait en compte tous les facteurs explicatifs, quelle que soit leur importance, ne serait alors plus qu'une banale copie du réel si l'on considère, comme le font les scientifiques, qu'un simple battement d'ailes de papillon en France peut provoquer une tempête en Chine faudrait alors en effet tout prendre en compte. [...]
[...] Bertrand Badie Un monde sans souveraineté : les états entre ruse et responsabilité Paris, Fayard 1999 Introduction L'histoire n'est pas finie. Les relations internationales par exemple, thème du récent ouvrage de Bertrand Badie, sont soumises à une évolution qu'il analyse : il affirme ainsi la relative décadence de la notion de souveraineté, concept dont il analyse la polysémie en détail. Cette décadence, il entend la démontrer par l'apparition de nouveaux défis pour les Etats. Il évoque ainsi la notion de responsabilité apparue dans les relations internationales du vingtième siècle, qui justifie parfois l'ingérence, en opposition à la Realpolitik, qui a dominé la théorie et la pratique des relations internationales pendant longtemps (des Athéniens de Thucydides[1] à Kissinger, en passant par Bismarck). [...]
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