C'est grâce à une parfaite maîtrise du langage que Molière nuance la peinture de ses personnages car la structure stylisée de leur psychologie ne suffit pas à leur conférer ipso facto une présence scénique ni à assurer l'illusion mimétique.
Molière est un maître dans l'art de dévoiler, dans la dynamique d'un échange, l'évolution d'une relation de parole qui trahit l'attitude d'un personnage, et la finesse du discours fait oublier au spectateur qu'il ne s'agit que d'êtres de papier, sans existence réelle. Le dramaturge recourt notamment au procédé de la personnalisation pour traduire les élans, la prudence et les réticences qui peuvent animer un personnage dans une situation particulière (...)
[...] Mais le jeu de Tartuffe est adroit et cohérent: s'il l'aime c'est parce qu'elle est un portrait (et le plus beau) du Ciel. Il conserve ainsi son masque religieux mais sa religion a changé : ce n'est plus celle du dévot catholique mais celle du poète platonicien. Or, Tartuffe n'est pas parvenu à la sincérité puisque son désir sexuel est rendu inoffensif bien que réel. 4ème Quatrain (v.945-948) : retour au masque de la dévotion introduit par l'expression d'abord L'intrusion du thème du péché provoque un mouvement de recul, introduit le drame dans la tirade, en même temps qu'elle crée une zone d'ombre tourmentée dans un poème par ailleurs lumineux; cet enfer équilibre les constantes allusions des vers précédents. [...]
[...] La confusion des lexiques et l'écriture baroque Tartuffe va tenter de faire coïncider son discours et son appétit. Utilisation du vocabulaire de la mystique religieuse pour décrire les désirs de Tartuffe. v.925-928 : l'effort de Tartuffe est timide et vague pour prouver la véracité de son discours à Elmire. Ses charmes sont suggérés par de merveilleux attraits Son corps est désigné par autre part Tartuffe élimine Marianne et se rapproche d'Elmire par la négation de ce qui n'est pas elle. [...]
[...] 2ème Quatrain (v.937-940) : coloré de platonisme, en même temps qu'il choisit, parmi les ouvrages parfaits une classe: celle des femmes, dont Elmire est la représentante la plus accomplie (v.937). Il y a non seulement un rapport du créateur à la créature, mais la créature même c'est-à-dire la femme est faite à l'image du ciel. Dans ces vers, Elmire est encore lointaine, elle n'existe que par comparaison avec les autres femmes, elle est l'objet d'une admiration générale. 3ème Quatrain (v.941-944) : Tartuffe se distingue dans la foule des coeurs et se rapproche personnellement d'Elmire. Ce quatrain présente la déclaration d'amour directe du séducteur à la jeune femme. [...]
[...] Toutefois, le vocabulaire reste attaché à la dévotion mon infirmité ma béatitude et son caractère équivoque rejoint le procédé des premiers quatrains. v. 959-960, c'est un amoureux de salon qui parle. - Conclusion Exemple de conclusion brève : Cette tirade prouve la capacité du personnage à manipuler le langage et les apparences. Il joue ici des différents ressorts de la langue pour séduire Elmire. Cependant, son entreprise échoue malgré la force rhétorique qu'il s'applique à donner à sa tirade. La scène devient donc comique et illustre parfaitement la thématique du jeu de masques, présente dans l'intégralité de la pièce. [...]
[...] Puis ce même vocabulaire a une autre fonction le zèle le pur mouvement la ferveur sont elles-mêmes des expressions équivoques qui traduisent les désirs charnels de Tartuffe. Tartuffe assume par la suite un second masque : celui de l'honnête homme amoureux. Il essaie de faire coïncider ce masque avec celui vu précédemment grâce aux jeux de mots dont le vocabulaire s'ancre dans une esthétique baroque. Mais les masques aussi ingénieux qu'ils soient ne parviennent pas à annuler les gestes des vers précédents. [...]
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