Molière, "Le Misanthrope", Acte II scène 1 : commentaire - publié le 04/12/2009

Résumé du document

Lorsqu'il entreprend la rédaction du Misanthrope, Molière vit une situation difficile pour plusieurs raisons ; à ses problèmes conjugaux avec Armande Béjard, s'ajoutent des problèmes de santé ainsi que des problèmes professionnels puisqu'on lui a interdit de représenter sa dernière pièce Tartuffe.

Molière en veut alors au monde entier et c'est sans doute à partir de cette situation personnelle qu'il songe à mettre en scène un personnage de misanthrope. Sa comédie Le Misanthrope, écrite en alexandrins à rimes plates, met en scène Alceste qui présente, pour un misanthrope, l'originalité d'être amoureux de Célimène, une jeune coquette mondaine (...)

Extraits

[...] Cette périphrase lui permet également de ne pas employer le mot amour et effectivement elle ne réemploiera plus ce terme jusqu 'à la fin de l'extrait comme si elle avait banni ce mot désormais de sa bouche et ce sentiment de son cœur Parallèlement, Alceste va aussi remettre en cause son amour pour Célimène :en effet il affirme fai(re) tout (s)on possible/ A rompre de ce cœur l'attachement terrible (v.517-518) : déjà il qualifie son amour comme quelque chose de terrible , de monstrueux et d'autre part il explique faire des efforts pour ne plus être amoureux de Célimène ! Enfin, quand Célimène conclut l'extrait en qualifiant l'amour d'Alceste pour elle amour ( . ) grondeur (v.528), on peut considérer que cet oxymore a pour effet d'ôter à cet amour toutes ses caractéristiques pour le dénaturer et n'en faire plus qu'un affrontement . Difficile donc de parler encore d'amour entre Célimène et Alceste. [...]

[...] Ce qui sera d'ailleurs confirmé quelques vers plus loin par vous aime» (v.520). Enfin, il ne fait pas de doute que Célimène a parfaitement bien saisi les sentiments d'Alceste à son égard puisqu'elle parlera de l' ardeur» (v.521,527) et de l' «amour (v.528) d'Alceste et elle caractérise le ton et l'enjeu de leur conversation en parlant de fleurette (v.509) ce qui confirme que nous assistons à une conversation galante entre eux. Rien ne semble donc pouvoir faire obstacle au bonheur de Célimène et d'Alceste qui s'aiment. [...]

[...] ) grondeur» (v.528), oxymore qui prouve que leur amour connaît quelques problèmes. Quant à Alceste, en déclarant à Célimène que tout l'univers est bien reçu»d'elle (v.496), il lui reproche d'être trop accueillante, d'ouvrir son salon (c'est le lieu où se déroule cette scène) à trop de monde. Enfin, la façon dont est construit le début de cet extrait est révélateur de cette opposition amoureuse : les deux premiers vers sont construits de façon parallèle : tous les deux comportent le groupe nominal tout l'univers tous les deux riment («jaloux avec vous et on pourrait donc avoir l'impression d'une osmose parfaite, d'un total accord amoureux entre Célimène et Alceste. [...]

[...] Rien ne va plus entre Alceste et Célimène. La jalousie d'Alceste Une explication peut être fournie à cette opposition ; en tout cas, c'est ce que fait Célimène en mettant en évidence la jalousie d'Alceste qui est présentée comme la raison de leur dispute amoureuse. En effet, elle considère qu'Alceste témoigne d'une jalousie excessive, maladive, sans fondement. Cette idée est exprimée d'emblée par Célimène lorsqu'elle déclare qu'Alceste est jaloux de tout l'univers (v.495). On relève là une hyperbole témoignant d'un côté irrationnel de la jalousie d'Alceste : ce n'est pas d'un homme ou deux qu'il est jaloux mais de tout l'univers ! [...]

[...] D'autre part, lorsqu'elle évoque un amant (v.509), ce nom ne peut s'appliquer qu'à (v.510), c'est-à-dire Alceste. En ce qui concerne Alceste, la déclaration d'amour est peut-être moins explicite, mais il ne fait quand même aucun doute qu'il est bien amoureux de Célimène : ainsi il utilise la métaphore hyperbolique du cœur enflammé (v.504) pour signifier qu'il est effectivement amoureux ; mais alors il ne précise pas de qui. Pourtant, il n'y a aucun doute que c'est bien de Célimène dont il est amoureux : quand il emploie la tournure interrogative faut-il que je vous aime ? [...]