Dom Juan, pièce en cinq actes d'un Molière pourfendeur des faux semblant, s'ouvre sur une discussion entre deux valets. Le premier, Sganarelle, voit en son maître Dom Juan un séducteur insatiable.
Le second cherche à savoir pourquoi sa maîtresse Elvire été délaissée sans explications par Dom Juan. Le jeu de l'amour, sous les traits d'une quête sans fin vers la satisfaction des désirs, apparaît alors comme le moteur de l'oeuvre théâtrale (...)
[...] II La convergence des attitudes vers un idéal directeur Si Dom Juan avoue clairement son inclinaison à se laisser gouverner par ses désirs Sganarelle fait quant à lui comprendre qu'il se soucie davantage d'une puissance supérieure, comme guide de ses actes A Le maître esclave de ses impérieux désirs Les désirs de Dom Juan passent avant toute chose, y compris les sentiments de ses victimes Il ne semble d'ailleurs que peu enclin à réfréner ses instincts : je cède facilement à cette douce violence La beauté, et les ardents désirs qu'elle suscite paraissent indomptables pour ce serial séducteur : je ne puis refuser mon cœur à tout ce que je vois d'aimable Cette obsession semble régir l'ensemble de ses pensées et de ses actes : songeons seulement à ce qui nous peut donner du plaisir Au reste, Dom Juan ne se pose aucune raison quant à la domination de ses instincts : il n'est rien qui puisse arrêter l'impétuosité de mes désirs Toutefois, au cœur de ce gentilhomme dévoré par sa soif de conquête féminine, on trouve avant tout un homme orgueilleux, égoïste autant que libertin. La jalousie perce aisément dans la description qu'il fait de ce couple qu'il se propose de briser. Jaloux du bonheur d'un futur couple marié, Dom Juan veut se jouer de la pureté des sentiments affichés. [...]
[...] Le premier, Sganarelle, voit en son maître Dom Juan un séducteur insatiable. Le second cherche à savoir pourquoi sa maîtresse Elvire été délaissée sans explications par Dom Juan. Le jeu de l'amour, sous les traits d'une quête sans fin vers la satisfaction des désirs, apparaît alors comme le moteur de l'oeuvre théâtrale. Faisant suite à la première scène, dite d'exposition, la deuxième scène du premier acte du Dom Juan de Molière développe le nœud de l'intrigue. Dom Juan, noble et libertin, y mène une discussion passionnée avec son valet Sganarelle. [...]
[...] De l'autre un prudent Sganarelle que le statut de valet n'incite pas à dire sa désapprobation, liberté qu'il prend pourtant, et qui reparaîtra régulièrement dans la pièce au nom de la défense de la morale. Cette opposition incarne-t-elle le fossé entre une classe supérieure éduquée et émancipée des obligations sociales et une classe inférieure craintive, prudente et rejetant tout comportement déviant de la norme ? Ce décalage est-il révélateur d'une époque ou persiste-il encore aujourd'hui ? Dom Juan est-il un monstre sans cœur ou un homme comme tant d'autre ? [...]
[...] B Le serviteur craintif d'un Ciel tout puissant Sganarelle oppose aux propos de Dom Juan l'argument de l'Autorité Suprême. Il lui reproche d'ailleurs de se moquer de Dieu : c'est une méchante raillerie que de railler le ciel Cette remontrance est justifiée davantage par la prudence d'un valet habitué aux aléas et à la dureté de la vie que par une véritable argumentation sur l'existence de cette divinité. En effet, la croyance populaire est le vecteur d'une crainte séculaire de la punition divine : le Ciel punit tôt ou tard les impies Cette crainte se retrouve également dans le respect qu'il porte au défunt Commandeur, occis par le séducteur, dont ce dernier ne craint ni la mémoire, ni l'entourage, mais également dans l'institution du mariage que Dom Juan piétine allègrement. [...]
[...] De sortes, les manières de ce dernier lui déplaisent fortement : En ce cas, Monsieur, je vous dirai franchement que je n'approuve point vos méthodes, et je trouve fort vilain d'aimer de tous côtés comme vous faîtes Se laissant emporter par son discours, Sganarelle finit par avouer le fond de sa pensée : je suis tant soit peu scandalisé de la vie que vous menez Il s'érige alors en victime collatérale, puisque attaché à cet homme par sa charge de valet. Les reproches de Sganarelle concernent autant la frivolité de Dom Juan que ses multiples mariages. Par souci d'honnêteté, il lui semble étrange et même répréhensible de le voir se marier tous les mois, quand bien même Sganarelle semble apprécier ces régulières festivités. [...]
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