La scène 1 débute par une tirade de Sganarelle, qui fait l'éloge du tabac, éloge ironique d'un objet qui n'en est pas digne. Cette entrée dans la pièce place la scène dans un registre comique où la référence à la philosophie semble démesurée et absurde puisque le sujet n'en est pas digne.
De plus le manque de culture de Sganarelle le décrédibilise dans son discours malgré ses efforts de sérieux et son ton sentencieux (cf. texte) ; la construction de son discours, sous forme de raisonnement, s'avère elle aussi être farfelue et dénuée de sens (...)
[...] Enfin, la thèse est ridicule (cf. texte), les arguments (cf. texte) et les liens qui sont faits n'ont pas lieu d'être. Sganarelle insiste sur la dimension philosophique du tabac, en se rapportant à la morale (cf. texte) Une scène pour exposer la situation Un exposé de la situation : Done Elvire est partie à la recherche de Dom Juan qui est parti après l'avoir épousé (cf. texte). En une tirade, Sganarelle réussit à introduire les personnages principaux (relever les personnages évoqués par Sganarelle). [...]
[...] Dis-moi, je te prie, Sganarelle, qui peut t'inspirer une peur d'un si mauvais augure ? Ton maître t'a-t-il ouvert son cœur là-dessus, et t'a-t-il dit qu'il eût pour nous quelque froideur qui l'ait obligé à partir ? SGANARELLE: Non pas ; mais, à vue de pays, je connais à peu près le train des choses; et sans qu'il m'ait encore rien dit, je gagerais presque que l'affaire va là. Je pourrais peut-être me tromper; mais enfin, sur de tels sujets, l'expérience m'a pu donner quelques lumières. [...]
[...] GUSMAN: Un homme de sa qualité ferait une action si lâche ? SGANARELLE: Eh oui, sa qualité ! La raison en est belle, et c'est par là qu'il s'empêcherait des choses. GUSMAN: Mais les saints nœuds du mariage le tiennent engagé. SGANARELLE: Eh ! Mon pauvre Gusman, mon ami, tu ne sais pas encore, crois- moi, quel homme est Dom Juan. GUSMAN: Je ne sais pas, de vrai, quel homme il peut être, s'il faut qu'il nous ait fait cette perfidie; et je ne comprends point comme après tant d'amour et tant d'impatience témoignée, tant d'hommages pressants, de vœux, de soupirs et de larmes, tant de lettres passionnées, de protestations ardentes et de serments réitérés, tant de transports enfin et tant d'emportements qu'il a fait paraître, jusqu'à forcer, dans sa passion, l'obstacle sacré d'un couvent, pour mettre Done Elvire en sa puissance, je ne comprends pas, dis-je, comme, après tout cela, il aurait le cœur de pouvoir manquer à sa parole. [...]
[...] Molière semble ainsi condamner une forme aigue, provocatrice et impie du libertinage érudit, qui refuse de mettre en retrait son sens critique face à la religion. L'imitation inavouée du valet Sganarelle donne autant d'information sur lui que sur son maître et avoue ainsi au spectateur que le modèle épicurien le tente plus qu'il ne veut le dire. Sganarelle se présente comme une victime de son maître, et insiste notamment sur cet aspect à la fin de la scène (cf. texte). Il avoue cependant une obscure fascination pour lui et insiste sur le fait qu'il ne peut être comparé qu'au mal suprême (cf. [...]
[...] Il faut savoir que Tartuffe vient d'être interdit de publication et de scène lorsque Molière écrit et met en scène Dom Juan, et saisit à ce titre l'occasion de critiquer implicitement les instances religieuses qui condamneront Dom Juan. Le tabac est un moyen détourné pour critiquer la Compagnie du saint sacrement (le tabac était considéré par certains comme un remède mais condamné par la Compagnie du saint sacrement ; le fait d'en faire l'éloge, c'est donc une manière de s'opposer à eux). [...]
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