Des avertissements ont déjà menacé le libertin Dom Juan, "grand seigneur méchant homme", sous la forme d'interventions surnaturelles : Statue lui faisant signe à la fin de l'acte III de la pièce, et l'invitant elle-même, à la fin de l'acte IV.
Les trois dernières scènes de la pièce mettent en évidence ce châtiment du Ciel - deus ex machina - qu'est la Statue du Commandeur tué par Dom Juan et revenant le chercher. Par là-même, Molière sacrifie aussi à un goût de son époque - celui des pièces à machines - grand spectacle sonore et visuel sur scène, qu'on peut faire sentir dans la lecture des répliques très intenses et des didascalies particulièrement nombreuses ici (...)
[...] Dom Juan accepte de donner la main, et la main donnée est le signe de cet engagement dont, par fierté, on ne se défait pas. Cette main donnée à la statue de pierre, avec l'épée tirée et brandie, est l'une des autres constantes du mythe. Le dernier jeu de scène est suggéré par les didascalies, jusqu'à la mort du héros que le personnage formule, pour la faire ressentir au public (les "brûlures", dans la logique de la passion qui l'a brûlé). [...]
[...] Malgré le génie et la protection du roi, "Tartuffe" et "Dom Juan" sont interdites de représentation. S'il résiste aux cabales, sa santé défaillante a finalement raison de lui ; il meurt quasiment sur scène. Sept and plus tard, la troupe de Molière donnera naissance à la Comédie Française. Problématique : Quelle est la singularité spectaculaire de ce dénouement ? Texte étudié : Scène IV DOM JUAN, SGANARELLE. SGANARELLE Monsieur, quel diable de style prenez-vous là ? Ceci est bien pis que le reste, et je vous aimerais bien mieux encore comme vous étiez auparavant. [...]
[...] Le romantisme, après Mozart, fera de ce défi la gloire de Dom Juan, l'homme qui, jusqu'à la mort, entend dire et refuse de se soumettre. Ce qui se formule en termes de "péché" au XVIIème siècle va devenir la revendication haute et individuelle d'une liberté. Le Dom Juan de Molière reste ferme, jusque dans les convulsions de sa mort - là où le héros de Tirso de Molina implorait un confesseur. L'ambiguïté du Dom Juan de Molière est posée, dans la violence de sa disparition théâtrale. [...]
[...] " - et le mot "avis" a bien sa valeur d'"avertissement". La dernière objection de Dom Juan n'est donc plus si ferme mais hypothétique : il formule simplement une demande de clarté, par une reprise du mot "Ciel" qui souligne son importance. Le langage est passé de l'assertion à la conjecture : "si le Ciel me donne un avis, il faut qu'il me parle un peu plus clairement . L'ironie est là mais le doute aussi, et la demande implicite de confirmation qui va suivre. [...]
[...] Éléments spectaculaires qui ont toujours eu un immense succès, mais qui, en même temps, relèvent d'une forme de graduité, goût de l'impression grandiose qu'on nomme communément "baroque". Les interprètes du XXème siècle, comme Louis Jouvet, ont avoué avoir été gênés par ces artifices qui nous renvoient plutôt aux mises en scène d'opéras. Molière a pourtant limité la part de ce spectacle attendu, à la différence de ses devanciers. Les trois scènes, rapides, complètes et nécessaires, sont simultanément chaotiques et arbitraires dans leur recherche de l'"effet" final. [...]
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