A la fin de l'acte II, Dom Juan et Sganarelle, poursuivis par douze hommes à cheval conduits sous les ordres des frères de Done Elvire décidés à venger cette dernière, s'enfuient déguisés dans la forêt. Là, ils s'entretiennent alors de médecine et de religion, laissant à Dom Juan la liberté d'exprimer une nouvelle fois son impiété et son libertinage. Perdus, ils rencontrent et avisent un pauvre en lui demandant le chemin qui mène à la ville. Cette rencontre hasardeuse présente pour Dom Juan une nouvelle occasion de défier Dieu en incitant le pauvre à renier sa foi (...)
[...] Défié, Dom Juan réagit immédiatement. Il apparaît d'autant plus odieux que sa cruauté résulte de l'improvisation et du hasard de sa rencontre avec le pauvre, et non plus de la préméditation. Il constate cruellement le total dénuement du pauvre l'invitant à prier le Ciel pour qu'il [lui] donne un habit Sganarelle qui connaît bien son maître est alors choqué de l'humiliation infligée au pauvre mais n'osant s'attaquer à Dom Juan, il se contente de reprendre mot à mot la profession de foi de Dom Juan qui ne croit qu'en deux et deux sont quatre, et en quatre et quatre sont huit. [...]
[...] La seconde partie de la réplique de Dom Juan : Mais que vois-je là ? Un homme attaqué par trois autres ? permet à Molière d'annoncer la suite des péripéties de Dom Juan et relancer ainsi l'action mais également de mettre en évidence une nouvelle partie du caractère de Dom Juan à savoir le sens du courage et de l'honneur : La partie est trop inégale, et je ne dois souffrir de cette lâcheté. Un aspect positif bien nécessaire après l'attitude odieuse adoptée par Dom Juan tout au long de la scène. [...]
[...] Cet acharnement montre alors le caractère impie et non athée de Dom Juan qui ne cessera de défier et de combattre Dieu tout au long de la pièce. III. La tentation du Louis d'or. Après avoir usé de son arme favorite à savoir l'éloquence et torturé verbalement le Pauvre, Dom Juan utilise ensuite la manipulation et la torture mentale. Il tente, en effet, d'éprouver la foi du Pauvre : Ah ! Ah ! Je m'en vais te donner un louis d'or tout à l'heure pourvu que tu veuilles jurer Dom Juan joue alors le rôle du Diable tentateur. [...]
[...] Ensuite, cette scène au moyen de l'argumentation sur l'inutilité de la prière permet de semer le doute dans l'esprit du spectateur et le pousse à réfléchir par lui- même à la question soulevée. Cette scène permet également à Molière de critiquer la fausse charité des riches qui pratiquent bien souvent l'aumône pour se donner bonne conscience et être vu comme un bon chrétien que par sincérité et pitié. On peut alors s'attendre à ce que Dom Juan n'ait de cesse de poursuivre son combat contre Dieu avant qu'il ne l'ait affronté en personne. [...]
[...] Dom Juan pousse de cette manière sa provocation au maximum. Les interjections Ah ! Ah ! Ainsi que la récurrence du verbe jurer soulignent la jubilation et le plaisir que prend Dom Juan en adoptant une attitude des plus odieuses. Indigné, le Pauvre, fervent croyant, n'imagine même pas juré et réplique : Ah ! Monsieur, voudriez-vous que je commisse un tel péché ? L'intervention de Sganarelle par la réplique : Va, va, jure un peu, il n'y a pas de mal permet à Molière d'apporter un contre point comique à cette situation très tendue. [...]
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