Dom Juan ou le festin de pierre est une comédie de caractères créée après le scandale causé par la représentation de Tartuffe où Molière complexifie les personnages. Cette scène est une scène d'exposition tenue par deux valets : Sganarelle (celui de Don Juan) et Gusman (celui de Dona Elvire). Ce début de pièce est traditionnel : l'intrigue est présentée au travers d'un dialogue entre deux valets. Elle se termine par une tirade de Sganarelle interrompue par l'entrée en scène de Don Juan (dramatisation de l'entrée du personnage éponyme). On apprend qu'Elvire a été enlevée d'un couvent, épousée par Don Juan et abandonnée par ce dernier. Elle est à sa poursuite avec son valet mais Sganarelle lui apprend qu'il ne reviendra pas à elle. Dès le début de la pièce, Don Juan est un homme en fuite.
La tirade de Sganarelle est un double portrait : en décrivant son maître, il se décrit involontairement lui-même (...)
[...] La tirade de Sganarelle est un double portrait : en décrivant son maître, il se décrit involontairement lui même. Le portrait du maître par le valet Pour le spectateur, on a là une première approche de Don Juan qui crée un effet d'attente puisque le spectateur veut voir si le personnage est à la hauteur de ce portrait. Gusman représente le spectateur sur scène : tu ne sais pas quel homme est Don Juan 1. Le débauché ou libertin de mœurs Le désir sexuel de Don Juan est totalement hyperbolique : il veut toutes les femmes Dame, demoiselles ( ) ni de trop froid pour lui Il est prêt à tout toi, son chat, son chien Son plaisir est accru par les obstacles, il a conscience de la transgression (références au couvent : il a pris Elvire à Dieu). [...]
[...] Cette tirade donne tout d'abord l'image d'un valet ordinaire : superstitieux, grotesque, peureux mais le personnage est complexifié par Molière de part sa relation avec Don Juan (Molière a toujours interprété Sganarelle et non pas Don Juan) Fascination et répulsion envers son maître -Répulsion : Don Juan est son antithèse il me vaudrait mieux être au diable que d'être à lui Don Juan est opposé à tout ce que nous croyons Don Juan lui fait peur. -Admiration : Sganarelle n'existe pas sans son maître ; il a construit sa vision du monde en opposition à son maître. Sganarelle est intarissable sur Don juan (tirade). Souvent, les metteurs en scènes insistent sur sa délectation verbale. Sganarelle imite Don Juan, il en tire même un certain contentement face à Gusman. [...]
[...] Ici Don Juan est implicitement comparé à Sardanapale, un roi devenu le symbole de la dépense et de la gratuité. Il a un goût certain pour la démesure ; Sganarelle parle de quelque chose de pathologique, de mortel et donc de tragique : il souffre d'hybris (aveuglement provoqué par les passions) Ainsi, Don Juan incarne la provocation par rapport à Dieu, aux Hommes et aux Institutions. Il représente aussi le défi impuni : il plane déjà sur lui la menace du châtiment il faut que le courroux du ciel l'accable quelques jours En parlant de son maître, Sganarelle dévoile parallèlement un portrait de sa personne. [...]
[...] C'est un impie qui transgresse le principes : bafoue le sacrement du mariage sans remord. C'est donc un libertin de pensée du fait qu'il ne reconnaît aucune autorité supérieure à sa conscience ; il est entièrement libre et indépendant. Ici Don Juan refuse la religion (mariage). Là encore, ce portrait est repris dans la scène 1 de l'acte III où Don Juan exprime sa profession de foi sur la croyance : je crois que deux et deux font quatre et que quatre et quatre font huit Sganarelle C'est un rationaliste Le grand seigneur Don Juan est un aristocrate, il bénéficie des privilèges de sa classe sociale qui lui assurent une certaine supériorité. [...]
[...] Il emprunte la culture de l'aristocrate dans l'éloge du tabac et fait des références à Aristote, Sardanapale, inter nos L'imitation du maître est une parodie, il est ridicule (voire scène avec Monsieur Dimanche, Acte IV, scène 3). Cette scène d'exposition est principalement centrée sur le couple maître / valet. Le premier contact avec Don Juan est verbal donc on l'attend d'autant plus. La scène d'exposition est une comédie sérieuse puisqu'elle propose un mélange entre la comédie (registre parodique) et le polémique (thème sérieux de la religion). Cette scène est censurée par l'Eglise car, bien que Molière condamne le libertin, Sganarelle avec ses superstitions et sa bouffonnerie défend très mal l'Eglise. [...]
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