Douze hommes à cheval sous la conduite des frères d'Elvire sont partis à la recherche de Dom Juan afin de venger l'outrage fait à la jeune femme. Pour leur échapper, il se réfugie avec Sganarelle dans une forêt et demande alors son chemin à un pauvre. C'est une nouvelle occasion pour lui de commettre un sacrilège et de défier Dieu en incitant le vieillard pieux à renier sa foi. Cette scène est intensément dramatique et se présente comme un premier vrai combat entre Dom Juan et Dieu (...)
[...] Conclusion Cette scène prouve encore que Dom Juan est plus impie qu'athée. L'acharnement qu'il met à provoquer Dieu, sa délectation a humilier un chrétien pauvre qui n'a que sa foi pour vivre atteste que Dieu l'obsède. La résistance du pauvre, représentant de Dieu sur Terre aux yeux de l'église est un nouveau défi: si Dieu ne s'est pas encore concrètement manifesté, sa force s'exprime par la foi d'un homme démuni qui refuse le blasphème. On sait maintenant que le héros ne cessera pas avant qu'il n'ait affronté Dieu en personne. [...]
[...] A travers le pauvre Dom Juan défie Dieu: il attend un signe, un miracle qui prouverait son existence. Son acharnement montre cependant que malgré son cynisme et sa cruauté il ne parvient pas à se libérer de Dieu La tentation du Louis d'or La provocation de Dom Juan atteint maintenant son paroxysme. Jouant le rôle du diable tentateur, il veut éprouver la foi du pauvre: pourvu que tu veuille jurer (l. 24). Le verbe jurer veut dire ici blasphémer Dieu. [...]
[...] En effet, au début de la scène le pauvre avait mis en garde Dom Juan et son valet contre des voleurs. Le libertin pervertit donc le rapport habituel de la charité qui repose précisément sur le désintéressement en accusant le pauvre de vouloir échanger son avis contre une aumône. Dom Juan commet ainsi un premier blasphème en ignorant la logique de la charité qui au sens littéral est la manifestation de l'amour de Dieu et en la remplaçant par celle d'un marché donnant donnant. [...]
[...] Dom Juan sent alors qu'il gagne du terrain. Il se fait donc plus insistant et tentateur avec sa réplique prend le, prend le te dis-je, mais jure donc L'emploi de l'impératif présent est habile en considérant comme presque accompli le geste à prendre, il le rend plus facile à faire. La répétition du verbe ajoute la persuasion à ses tentatives de tentation mais le pauvre ne cède pas. Il préfère ne pas renier sa foi et garder sa dignité. Cette réaction suscite notre admiration: ce croyant sincère et zélé placé dans une position de faiblesse à cause du dénuement triomphe du tentateur, le chantage n'a pas abouti. [...]
[...] Or Dom Juan ne peut supporter qu'on lui parle de prier le ciel. C'est un défi qu'il ne manque pas de relever avec insolence et méchanceté. Sganarelle qui a le cœur sensible est choqué par cette humiliation infligée au vieil homme mais il n'ose pas attaquer directement son maitre, il se contente pour excuser la violence de sa réplique de le faire passer pour un original. L'inutilité de la prière Loin de s'en tenir à son mépris insolent de la charité, Dom Juan, heureux d'avoir trouvé un représentant de Dieu, cherche à nouveau l'affrontement quelle est ton occupation parmi ces arbres ? [...]
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