Dom Juan, Acte V, Scènes 5 et 6 - Molière : le dénouement

Résumé du document

Commentaire composé sur les scènes 5 et 6 de l'Acte V de l'oeuvre de Molière intitulée Dom Juan. Dom Juan est un libertin, qui, en se convertissant à l'hypocrisie religieuse, précipite son châtiment, la mort. Ce commentaire s'intéresse au dénouement du livre.

Extraits

[...] Désarmé par l'apparence changeante du spectre, Dom Juan veut pourtant s'en tenir à la seule expérience sensible je veux voir ce que c'est puis je veux éprouver avec mon épée si c'est un corps ou un esprit acte V scène 5). Ces négations répétées : non, non proclament ses orgueilleux et obstinés refuse de repartir. Cependant la répartition du non répété face au spectre contraste avec le oui le premier mot de Dom Juan lancé à la statue. En signe de défi plus que jamais déterminé. On peut dire que Dom Juan fait preuve de bravoure comme le montre ses tentatives pour frapper le spectre, la question, direct qu'il pose à la statue Ou faut-il aller ? [...]

[...] Tout au long de la pièce de Molière, Dom Juan et les spectateurs sont avertis que : l'endurcissement au péché traine une mort funeste et les annonces implicites ou explicites du dénouement sont multiples. En ce convertissant à l'hypocrisie religieuse, le héros précipite son châtiment, ce qui permet au dramaturge d'assimiler ce vice au comble des abominations comme le dit Sganarelle (acte V scène 2). La représentation de la mort du héros contient certaines ambiguïtés. I. La représentation du surnaturel Le genre de la pièce à machine (deus ex machina) et le gout pour le spectaculaire se reconnaissent plus particulièrement dans ce dénouement, constitué par une rapide succession d'actions et un effet de montée, progression intensément dramatique. [...]

[...] Et même ces paroles de Sganarelle sont ambigües. En énumérant les victimes du libertin, que la mort de celui ci devrait satisfaire, le valet récapitule les désordres vengés par la justice divine. Mais en se lamentant sur ses gages impayés, Sganarelle, le bouffon dont le matérialisme dissone avec la solennité du châtiment Conclusion Ces deux scènes très rapides dans la progression dramatique mettent l'accent sur une représentation du surnaturelle que l'on peut qualifier de baroque. Si la fin est ambiguë dans sa dimension à la fois comique et tragique, il n'en demeure pas moins que la mort du libertin constitue une vengeance divine, une vengeance édifiante pour le spectateur et le lecteur, on ne serait indéfiniment braver l'ordre établit et la justice divine. [...]

[...] C'est une forme indéterminée selon les propos de Dom Juan : spectre, fantôme, ou diable ou corps ou un esprit insaisissable et changeant, le spectre est différent de la statue dont il annonce pourtant la venue. Même si elle est étrangement animée, la statue est une image de la mort et de la putréfaction (de la même façon qu'être en pierre) que redoute tant Dom Juan, ce champion de l'inconscience et du mouvement confère arrêtez Dom Juan ordonne significativement la statue dés son entrée en scène avant de tendre la main au libertin qui a tant de fois trahi ce geste d'alliance sacrée Enfin la façon dont le héros est foudroyé et englouti dans la terre est représenté avec beaucoup d'effets visuels et un grand fracas comme le montre la dernière didascalie, redouble d'ailleurs par les dernières paroles du héros (qui pour la première fois invoque le ciel sans ironie) O ciel ! [...]

[...] Face à la statue, Dom Juan se trouve pour la première fois dans la situation inverse, celle de prendre une main qu'on lui tend et il semble aussi accepter de s'engager solennellement vers sa propre mort. III. Un dénouement ambigu Molière inverse le procédé traditionnel du deux ex machina au lieu d'une intervention céleste venant sauvé in extrémiste un héros injustement condamné, on voit ici un impie pour foudroyer et englouti dans les enfers. Ce châtiment est édifiant, c'est à dire qu'il veut donner un exemple, en même temps. Les paroles de Sganarelle introduisent du comique dans la scène. [...]