Le portrait, genre éminemment descriptif, entre a priori en contradiction avec la nature du texte théâtral qui, mettant les personnages sous les yeux des spectateurs, peut généralement se passer de les décrire.
Pourtant, plusieurs portraits d'Harpagon scandent la pièce, plus ou moins fournis, certains en actes, d'autres descriptifs (un seul autre "vrai" portrait apparaît dans la pièce : celui que Cléante fait de Mariane, pour expliquer son amour à Elise - I, 2) (...)
[...] Ordres qui suivent : première partie raisonnable mais la seconde révèle le vice de l'avare : Je vous commets au soin de nettoyer partout; et surtt prenez garde de ne point frotter . / Je vous établis dans la charge de rincer les verres et de donner à boire, mais seulement lorsque l'on aura soif . Harpagon n'a pas changé, bien plus, la situation particulière va révéler l'étendue de sa folie et les conséquences de celle-ci. Cette scène révèle ce qu'est le monde d'Harpagon : c'est l'exclusion du plaisir (la nourriture doit avant tout remplir le ventre cf. [...]
[...] L'avarice le rend inhumain : affamer les hommes (gages retenus, jeûnes les chevaux. Son vice l'amène à vouloir user des hommes à l'inverse de leur fonction (forme de dénaturation imposée) : ceux qui ont la charge de donner à boire doivent ne pas donner à boire, violence faite à Maître Jacques (et exprimée comme telle par celui-ci) quand il est contraint de mettre à mal ses chevaux, d'adopter deux identités . Harpagon, humain le moins humain attaque aussi ce qui fait l'humanité de ceux qui l'entourent. [...]
[...] D'ailleurs, Harpagon, qui semblait devoir être ici metteur en scène se retrouve comme un pantin montré sous toutes ses facettes, sous les yeux de la maisonnée entière. Il est ici beaucoup question d'illusion : Harpagon bien sûr (aveuglé sur les hommes, sur la vie et ses plaisirs), mais aussi les profiteurs de l'illusion, Valère, qui s'est coulé dans le vice d'Harpagon jusqu'à le devancer dans ses propos, ou encore Frosine, peu loquace ici, mais dont on connaît l'habileté à manipuler Harpagon. [...]
[...] Malgré le comique lié à l'exagération, offre aussi une vision plus analytique du phénomène de l'avarice. C'est un portrait en négatif : ce qui manque à Harpagon pour être humain (il n'est pas père, il n'est pas maître . il n'est pas homme.) 2. Du type moral au parfait personnage de comédie . Il y a donc un approfondissement du portrait, ici. La scène prend le temps (malgré son rythme soutenu) d'analyser les tenants et les aboutissants du vice que constitue l'avarice. [...]
[...] Comme souvent dans L'Avare, noirceur et comique sont très proches, que les paroles de maître Jacques soulignent particulièrement. lère anecdote, concernant les chevaux, montre Harpagon insensible, voire cruel. Maître Jacques (qui joue ici un peu le rôle de candide révélateur) l'exprime avec une simplicité touchante et frappante : Cela me fend le cœur de les voir ainsi exténués 2e temps, série d'anecdotes venues de la rumeur (on peut évidemment douter de leur véracité, maître Jacques a pu ne pas comprendre qu'il s'agissait de plaisanteries) . [...]
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