Cette première lettre de Mme de Sévigné à sa fille après son départ invite à s'interroger sur la tournure que prend la lettre sous la plume d'une épistolière. Elle apparait d'abord comme un moyen d'expression des sentiments intimes à travers le thème de la souffrance d'une séparation mère-fille. Mais la lettre possède également des fonctions sociales et narratives indispensables. Cette lettre montre également la féminisation du genre, qui permet d'élever une épistolière inconnue au rang de femme écrivain (...)
[...] Cette première réaction de repli et d'enfermement est une manière, pour Madame de Sévigné, de dissumuler la souffrance que lui cause le départ de sa “chère fille”. L'expression de cette douleur s'effectue de manière lyrique par le champ lexical de la souffrance, majoritaire dans cette lettre. Nous pouvons alors relever “douleur” “pleurant” “sangloter” (l.11), “touchée” (l.14) , (l.17) ou encore “souffris” (l.19). Madame de Sévigné insiste sur le caractère insoutenable de sa tristesse; l'entame de la lettre, où elle affirme ne pas pouvoir rendre compte de sa douleur, montre le caractère indicible des sentiments. [...]
[...] Mais que ce soit par les limites fixés par les Anciens ou par celles maintenues par les usages, la lettre reste une pratique encadrée. Toutefois, la naissance d'épistolières, éduquées par la culture des salons, va permettre de modifier ces frontières prédéfinies par les hommes. La féminisation de la lettre Et en effet, l'une des spécificités des Lettres de Madame de Sévigné est son auteur lui-même : une femme. A l'origine privée, la lettre du 6 février 1671 est une lettre féminine, d'une femme à une femme. [...]
[...] La marquise y raconte ses occupations depuis que sa fille l'a quittée; elle utilise pour cela les temps du récit c'est à dire l'imparfait et le passé simple. L'imparfait s'occupe de mentionner les circonstances de la narration. Nous pouvons citer l'imparfait de la ligne 8 “Agnès me regardait sans me parler; c'était notre marché” qui rend compte de l'environnement dans la chambre du couvent. De plus, Madame de Sévigné écrit : “elle était seule, et malade, et triste de la mort d'une soeur religieuse” (l.11/12); ici, l'imparfait témoigne de l'état psychologique de Madame de La Fayette, avec qui la marquise passera la journée. [...]
[...] Enfin, nous verrons, à partir du contexte de l'oeuvre de Mme de Sévigné, comment la féminisation de la lettre, en renouvelant le genre, parvient à élever une épistolière inconnue au rang de femme écrivain. 1ERE PARTIE : LA LETTRE, MOYEN D'EXPRESSION DES SENTIMENTS Omniprésence du La lettre est l'une des composantes du genre épistolaire. A ce titre, son langage est toujours dominé par la fonction expressive. Dans cette correspondance du 6 février 1671, les marques de première personne sont omniprésentes. [...]
[...] L'opposition thématique de ces deux parties laisse penser que l'état d'esprit de la locutrice a changé, sans doute a-t-elle été apaisée d'avoir exprimer ses sentiments dans le début de sa lettre. Nous pouvons donc en conclure que cette lettre d'une mère à sa fille est écrite par et pour l'émetteur, par un besoin de confidence mais aussi en vue d'un apaisement. Une séparation Intéressons-nous maintenant au sujet de sa confidence : le départ en Provence de Madame de Grignan, sa fille. Aussi, cette lettre est d'abord l'expression d'une absence et d'une séparation. [...]
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