Tout d'abord, il nous fait part de ses intentions dans cette introduction par le : Je veux. Dans le premier vers, il y a deux hémistiches de six syllabes qui mettent en relation : France et Mère. Cette union est renforcée par l'allitération en -F et -R qui prouve que la mère sera ici l'allégorie de la France (...)
[...] Dans le deuxième vers, les enfants sont introduits dans une relation étroite avec leurs mère, on le voit avec l'enjambement et la forme verbale disloquée : est ( ) chargée, qui met les enfants au centre des bras protecteurs de leur mère. Pour le moment, ils sont confondus : deux enfants, et cet effet est renforcé par les assonances nasales en - EN. Il y a une sorte de proximité précaire pour empêcher la souffrance, en apparence. II / Les deux portraits : Il faut auparavant savoir que ces deux enfants sont extraits de la Bible. [...]
[...] A la fin ce ne sont plus des enfants, car des enfants ignorent la mort : leur courroux par leurs coups se redouble. Ils sont totalement aliénés par le pouvoir, la domination. Conclusion : Ainsi, d'Aubigné montre l'horreur de la guerre civile en confrontant deux frères encore bébés. L'un cruel et l'autre victime. Ils sont en train de se tuer (en se privant du lait nourricier) en même temps que leur mère, la France qui n'est pas entendue par eux. Et qui est littéralement déchiré par ce conflit. [...]
[...] Ces emplois successifs bouleversent l'ordre de l'alexandrin car le rythme s'accélère surtout avec les enjambements qui l'emporte dans un mouvement de violence physique renforcé par le champ lexical du déchaînement : empoigne, coups, ongles, points, pieds. C'est un tueur, car en s'emparant des : deux bouts des tétins nourriciers, et se battant pour les garder il fait mourir son frère : il brise le partage. D'autre part il va encore plus loin car il est prêt à mourir pour que son frère succombe également. [...]
[...] La France qu'elle représente est une victime, divisée entre eux deux qui a beau appeler à l'aide : soupirs ardents, les pitoyables cris, les pleurs. Renforcés par la négation double en début des vers 111 et 112 : Ni ne les perturbent : ne calment leurs esprits. Ils ne s'en soucient guère tellement ils sont aveuglés par leur haine réciproque : leur rage les guide et leur poison les trouble. Ils ne font plus attention à l'essentiel, leur mère, emportés par une extrême violence. [...]
[...] Il y a un conflit religieux sans précédent qui déchire la France. La Saint-Barthélemy le 25 aout 1572 en est le sommet : Au mariage de Marguerite et Henry de Navarre, beaucoup de réformés sont invités mais se font massacrés dans les rues de Paris. Dans Les Tragiques il condamne la Monarchie Française et galvanise la foi de ses semblables. En effet, il se sent investit d'une mission divine. D'ailleurs, dans ce recueil, il multiplie les allusions à la Bible. [...]
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